Il m’a écrit ! Nicolas Sarkozy m’a écrit ! À moi, directement, avec son nom en expéditeur ! Et le merveilleux titre qu’il a choisi de donner à son courriel : « La France est une grande démocratie qui ne cédera à aucune menace . »

Waoh !!!

En même temps, la menace à laquelle il fait subtilement allusion, c’était un seul homme… Ce n’était pas la Russie ou la Chine ! Du coup, c’est plutôt exagéré, grandiloquent. Ça flashe sur une affiche électorale mais ça ne va pas plus loin.

Mais au fait, je ne l’ai jamais autorisé à m’écrire, ce gars-là. Ah, un en-tête précise : « En tant que Français résidant hors de France, vous recevez cet email car vous êtes inscrit(e) sur les listes électorales consulaires 2012 de votre pays de résidence. Cet email vous est adressé à des fins d’informations comme la Loi l’autorise (Article L330-4 du Code électoral). »

Le laïus qui suit est presque entièrement axé sur la sécurité et la grande réussite de ses services de président dans la tuerie de Toulouse. Une super planche de surf pour le candidat ! Après le racolage à l’extrême-droite, on passe au centre : un petit additif où il est question de Valenciennes que Borloo aurait métamorphosée. Bon, OK, je vois où c’est. Sans doute très bien, au demeurant. Mais Valenciennes, ça ne fait pas la France, à ce que je sache ! Deuxième synecdoque. Et après, comme quoi qu’il a causé à Rueil-Malmaison de la France forte dans une Europe forte. Super, comme si je n’avais pas encore entendu le slogan. C’est vrai qu’il y a des Français résidant hors de France qui ne captent rien, ni radio ni télé ; il faut leur dire directement.
Au total, si c’est son programme électoral, ce mail de quatre cents mots, c’est un peu léger. C’est carrément du vent. Avec un colt sur la tempe et une caméra en face. Et On finit par le meilleur :

« Mes chers amis, il nous reste un mois pour bâtir la plus formidable aventure, un mois pour bousculer toutes les certitudes. Aidez-moi à construire la France forte, à faire triompher nos idées, nos valeurs, notre idéal. J’ai besoin de vous. »

Est-ce qu’il sait ce que ça veut dire, « formidable » ?
Monsieur Sarkozy, vous savez ce que ça veut dire ? Eh bien regardez, oui, là, c’est un dictionnaire, vous verrez que formidable, ça veut dire « qui fout grave les jetons », si je traduis en langage d’aujourd’hui. Or c’est justement l’effet qu’il me fait, votre idéal.
Vous nous demandez d’être sérieux, citoyens,  et tout ça, et vous voulez « bousculer toutes les certitudes » en un mois ? Oh ! mais c’est pas un peu violent, comme idée ? Vous voulez pas plutôt qu’on réfléchisse à tête reposée à tout ce que vous avez fait pendant cinq ans, et aussi les années précédentes ?
Vous savez, mes certitudes, c’est plutôt que vous allez partir, et même quitter la vie politique, comme vous l’avez promis. Alors, j’ai pas trop envie de les bousculer, mes certitudes.
Mes certitudes, c’est que vous avez beaucoup affaibli la France pendant toutes ces années ; vous avez beaucoup détruit dans le tissu social et économique. Alors ce n’est certainement pas à vous que je vais faire confiance pour « construire » quoi que ce soit, sinon votre igloo dans le grand nord canadien, si on vous y laisse entrer…

Vous avez besoin de moi ? Dites plutôt que vous avez besoin de ma voix ! Quant à moi, je n’ai surtout pas besoin de vous. Bien au contraire. Alors voilà ma réponse, c’est : non. N. O. N. !