Change d’identité et de statut humain

mercredi 21 mars 2012, à 23:59 par Berlol – Enregistrer & partager

On se réveille de conserve vers quatre heures du matin, comme des bateaux perdus dans le brouillard. On est où ?

Écoute des cinq microfictions de France Culture consacrées à Ce n’est pas un hasard, de Ryoko Sekiguchi, très à l’honneur ces temps-ci, et à juste titre, que ce soit par le Salon du livre, par Remue.net et La Cocotte, ou par ses livres et traductions.
T. et moi partageons beaucoup de réflexions avec elle, sur comment la catastrophe de Fukushima nous change d’identité et de statut humain, sur les petits détails qui nous différencient des amis de France, qui restent globalement pro-nucléaires, quoi qu’ils en disent.
Mais je ne saurais me plaindre, je ne suis pas sous les balles en Syrie, ni nourri aux hormones et aux sucres aux États-Unis, ni jeune issu de l’immigration en France, etc. Notre mal vient de plus loin, et il ira plus loin encore.

« Je sens que le Japon est en train de virer. De pauvre victime qu’il était, le voilà qui prend des allures de fauteur de trouble avec ses putains de centrales nucléaires (et voilà, c’est la première fois que j’emploie le mot « putain » dans un texte ; mais je crois que c’est le mot). Il y en a marre d’entendre parler de ce pays. Je conçois que les étrangers en aient leur dose, en effet, eux qui n’ont rien à voir dans l’affaire, comme nous n’en pouvons plus des réactions du personnel de Tepco, acteur de cette catastrophe humaine. Ras-le-bol de cette angoisse. » (R. Sekiguchi, Ce n’est pas un hasard, Paris : P.O.L., 2011, p. 43)

À Ginza pour une course. C’est le printemps, l’air est doux, les passants nonchalants ou affairés, le quartier toujours aussi beau, luxueux. Un instant, on pourrait croire que ce n’est pas un mirage.

Après avoir mangé du pain au sésame, haricots rouges et patate douce vers cinq heures du matin, une assiettée de riz pilaf à la tomate vers 10h30, et des spaghettis chez Angélina vers 15 heures, nous finissons avec un nabé au poulet vers 21h30, peu avant de voir L’homme à l’envers sur TV5 Monde. C’est le résultat du décalage horaire et de la diète que nous nous étions imposée les trois derniers jours avant le retour.

 

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Publié dans le JLR

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