L’épiphanie était ailleurs
Quand un mal de tête me réveille, il vaut mieux quitter l’oreiller. À trois heures et demie je mets du chauffage dans le salon et me dirige vers la bouilloire pour faire du thé au jasmin, mon remède suprême.
Une heure plus tard, ça va mieux. Nuque et front ont souplesse reprise. Vais-je me recoucher ? Alors que Le procès Tassili passe sur France Culture dans moins de trente minutes ? Non, je ne peux pas manquer de l’écouter en direct, d’être du petit nombre, forcément virtuel, de ceux qui l’entendent les premiers. Après nous, viendront les podcasteurs.
Pour la plupart d’entre nous, sans doute plusieurs milliers de personnes, il est 21 heures : la fin de journée accueille le son post-exotique. Qui dans sa voiture roulant cool pour ne rien manquer, qui devant sa bibliothèque, lumière tamisée, un verre à la main.
Et si j’étais le seul pour qui il est 5 heures du matin ! Le seul au soleil levant à attendre l’entrée des jurés, des témoins, des journalistes et de l’accusé dans le réfectoire du camp psychiatrique de la Drivna ! Oui, c’est bien possible.
Une heure plus tard, je suis bien surpris de l’interruption, et de devoir attendre la suite toute une semaine. Et pas facile de se rendormir avec tous ces coins sombres de dortoir, ces flux télépathiques aussitôt oubliés, ces tentatives de contact diplomatique avec les araignées… Après tout, dans mes rêves, il n’est pas exclu que j’y arrive, moi, à savoir ce qu’elles veulent.
Le reste de ce dimanche n’offre rien de notable sur le plan littéréticulaire. Il a fait grand soleil. Nous nous sommes levés tard et avons brunché. Pendant que T. coupait et nettoyait le rosier, je suis allé en vélo à Nagoya Central Garden où j’ai pu acheter, à la boulangerie Kayser, une grande galette à la frangipane que nous avons partagée le soir avec nos voisins, à qui nous avons eu à expliquer cette tradition du deuxième dimanche après Noël.
Mais pour moi, l’épiphanie était ailleurs.
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Publié dans le JLR