Couine sans cesse à la frappe
Je me décide enfin à retourner au centre de sport à Iidabashi, tout près de chez nous. Et ça se passe très bien. C’est que j’appréhendais beaucoup, et je préférais d’abord y aller seul. On a tous de ces blocages idiots. Ce centre de sport d’Iidabashi, j’y allais dans les années 90, avec mon ex, quand on habitait le quartier, avant de rencontrer T. Après aussi quand j’habitais à Ochiai, à cinq stations de métro sans changement. Mais dès que T. et moi avons pu habiter ensemble dans ce quartier, à nouveau tout près de ce centre de sport, donc, il est devenu impossible d’y retourner, par rupture d’époque. Et nous avons alors privilégié celui de Shibuya, où T. avait ses habitudes et auquel il faut reconnaître bien des avantages : sur sept étages au lieu d’un seul, piscine deux fois plus grande, quatre salles de machines au lieu d’une, service plus poli, vestiaires plus spacieux, etc., la liste serait longue. Et depuis sept ans, combien de fois nous sommes-nous dit qu’il faudrait tout de même retourner à celui d’Iidabashi, ne serait-ce que pour gagner du temps ?…
Bilan : toutes les machines ont été remplacées et sont maintenant ultra-modernes. On utilise le bracelet reçu à l’entrée (et qui contient une puce) pour ouvrir et fermer la porte du vestiaire, ainsi que pour s’identifier sur les machines (si on le souhaite) pour que toutes les données soient archivées (permet de suivre les performances). Ainsi j’ai fait 15 km de vélo, puis soulevé en une centaine de mouvements divers l’équivalent de 3 tonnes.
Mais ça ne nous dit pas combien j’ai sué, ni que j’ai beaucoup apprécié les premières pages de Madman Bovary !
« Je n’arrive pas à laisser entrer ce nouveau dont je sais tout et n’espère rien. Mon verrou bloque encore. Je prends la branche pour son manche et l’astique jusqu’à l’irruption florale. Je dois emporter avec moi un gri-gri et veiller à ce que ses vibrations ensorcellent ma énième lecture. Oui. Je ne vais pas végéter tout l’âge adulte dans ce chapitre introductif que je connais sur le bout des doigts. Acquérir de la vitesse, tout est là. Laisser le vent familier du roman vous caresser les mèches, tandis que vos yeux bovins laissent filer l’indolente loco.» (Claro, Madman Bovary, Paris : Gallimard / Verticales / Phase deux, 2008, p. 22)
Déjeuner au Saint-Martin, classique poulet-frites. À Akihabara pour acheter un clavier, le mien a des touches effacées et d’usure le cadre couine sans cesse à la frappe. J’avais l’espoir de trouver un clavier AZERTY mais ni Yodobashi ni Laox n’en avaient et c’est la tempête de pluie qui m’attendit à la sortie. Dix minutes après, je m’engouffrais dans le JR direction Yurakucho où un vague souvenir me faisait croire à des claviers français chez Bic Camera. Mais non. J’essaie donc tous les QWERTY en testant le bruit des touches, leur écartement, la largeur de la touche espace, les boutons supplémentaires, le design, etc., pour finalement prendre un LOAS blanc qui rendra T. jalouse — et d’un prix tout à fait raisonnable.
Et puis je rentre faire la ratatouille ; T. compte là-dessus pour se requinquer après sa journée d’archivage — dont on voit, cette fois, enfin, le bout, pas tout de suite, mais un peu plus loin, là, dans quatre ou cinq jours…
Hier soir, Vive la République ! (Rochant, 1997), ce soir, les Filles du botaniste (Sijie, 2006). Encore deux films passés sur une des chaînes de la TNT et vus grâce à Wizzgo. Le premier très intéressant pour sa déconstruction de l’exercice quotidien de la démocratie, le second d’abord un peu façon Bilitis avant de tourner au tragique, mais les deux sans innovation, ni artistique ni technique. Ce qui n’empêche pas d’apprécier un Hyppolite Girardot en grand dadais et des cartes postales chinoises que Segalen n’aurait pas désavouées…
Tags : Claro, Rochant Éric, Sijie Dai
Publié dans le JLR