Enfin le 7e ciel radieux
Hier, à Tokyo, nous avons été livrés d’une caisse de petites bouteilles d’eau potable cinq ans. Beaucoup de gens qui conservent des années n’importe quelle eau ne savent pas qu’ils risquent de s’intoxiquer plus gravement qu’avec l’eau du robinet irradiée tant redoutée…
Ensuite, nous avons pris le shinkansen pour Nagoya. Un quart d’heure avant d’arriver, nous avons appris que de nouvelles secousses avaient entraîné l’arrêt des trains au départ de Tokyo. Le mois dernier, j’étais en retard ; cette fois, nous sommes en avance. On fait tellement d’allers-retours qu’il faut être prêt à tout.
Avoir toujours une lampe électrique sur soi est bien. Et aussi des piles valables dix ans (Evolta en propose). Être bloqué dans un sous-sol ou un tunnel avec des piles déjà périmées serait du dernier regrettable.
Dans l’album « Irradié », L’ange et le salaud a toujours été ma chanson préférée. Ça doit venir d’une osmose entre la voix et les guitares. Datant de 1975,1 c’est comme du plutonium, ça ne perd rien de son pouvoir toxique. Une meilleure osmose ? Mmmm… Difficile. Peut-être dans Dark Companion ou dans Drinkin’ in L.A.…
httpv://www.youtube.com/watch?v=21L7gmlNqwU
Il a remis le contact et dans le fracas de sa machine
Y’avait toute la haine, tout le désespoir d’un homme
Que le destin a trahi et que la diable mène à pleine gomme
L’étanchéité est mon nouveau dada. Mon passeport et des copies de mes principaux documents sont dans une pochette transparente zippée. Un sac imperméable ultra-léger contient le disque dur portable, l’appareil-photo, une clé USB avec des copies de nos documents scannés, un chargeur à piles rechargeable2 et un chargeur solaire, les deux pour téléphone portable, des allumettes, un couteau, un sifflet, une boussole, un dictionnaire électronique et parfois un livre. En ce moment, Manuel de l’innocent, sa précision et sa désinvolture me sont nécessaires.
« 71) Sur l’échelle de 1 à 10 de ma culpabilité, ne pas lire atteint le niveau 1. Je n’ai pas évalué tout le surmoi, mais, pour donner un ordre d’idées, oublier de téléphoner à ma sœur le jour de son anniversaire occupe l’échelon 6 ou 7 ; cependant que placer cette omission au premier rang équivaut à relever d’un point le sentiment de la faute. Être en retard à un rendez-vous amical plafonne au 8, voire au 9. Être en retard à la fac le 2. Ne pas me souvenir du prénom d’un ami perdu de vue le 1, voire aucun. » (Alain Sevestre, Manuel de l’innocent, Paris : Gallimard, 2011, p. 88)
Je l’apprends ce matin : Fukushima (étym. Île du bonheur) atteint enfin le 7e ciel radieux, promis à toute centrale nucléaire en zone sismique. (Merci, Pierre, d’avoir repris…)
Notes ________________Tags : Bran Van 3000, Higelin Jacques, Ménard Pierre, Sevestre Alain, Tuxedomoon
Publié dans le JLR