Suicides et vols de câble, s’ils existent

vendredi 31 décembre 2010, à 23:59 par Berlol – Enregistrer & partager

Les 27 et 28 décembre (même le jour de mon anniversaire), nous avons travaillé à la Bibliothèque Mazarine sur des documents top secret. Dont je ne parlerai donc pas.

Le 28 en fin d’après-midi, à Montparnasse, notre TGV a été retardé d’une petite d’heure pour cause de suicide sur la ligne. Puis d’une autre grosse heure en cours de route, à cause d’un vol de câbles, nous a-t-on annoncé. La zen attitude idTGV n’a plus aucun sens quand la base du transport ne peut être assurée.

Inutile de dire que les shinkansens japonais (que je prends deux fois par semaine depuis dix ans) ne sont que très exceptionnellement en retard et que la compagnie est légalement dans l’obligation de rembourser quelle que soit la cause du retard. Ici, des amis m’ont fait comprendre que suicides et vols de câble, s’ils existent, certes, sont aussi de commodes excuses, parfois (souvent ?), pour ne pas avoir à rembourser les retards qui ne sont pas du fait de la SNCF

Les 29, 30 et 31 décembre (même le jour du réveillon), nous avons travaillé à la Bibliothèque municipale de Bordeaux sur des documents top secret. Dont je ne parlerai donc pas non plus. Il y aura un temps et un lieu pour ça, dans quelques mois.

Le 30, après la bibliothèque, j’ai rendez-vous avec Marc Pautrel. Il nous attend dans le salon du Majestic. Il voulait me donner son dernier livre « en mains propres », comme il l’écrit sous mes yeux dans sa dédicace. Puisque nous passons par sa « ville immense et élégante » (Un Voyage humain, p.15), c’est mieux qu’un envoi postal. Tandis qu’il me parle de ses préoccupations littéraires, je reparcours les trois siècles et demi qui nous séparent pour entrer dans la conversation. Quand la Fronde me tient dans ses rets… Ensuite, T. voulant arriver à la librairie Mollat avant la fermeture, nous marchons d’un pas ferme, guidés par Marc. Plus que d’aller au Chapon fin ou au Gabriel, je souhaitais voir cette mythique et labyrinthesque librairie. Malheureusement, T. ne trouve pas ce qu’elle cherche (L’Empire des signes de Barthes, pour l’offrir à une amie), mais moi si (Macaron et Canelé à Bordeaux, de Camille Piantanida, Mollat, également pour offrir).
Marc nous quitte à un coin de rue et nous allons dîner au Café-Opéra du théâtre où nous avions déjà déjeuné, tant nous trouvons agréable le décor et l’ambiance.

À la différence des trains, je trouve que les bibliothèques fonctionnent excellemment. Qu’elles soient d’ailleurs ouvertes même le 31 décembre et qu’une cohue d’étudiants préparant des examens se presse dès l’ouverture matinale de celle de Bordeaux, voilà qui nous étonne. Ce n’est pas au Japon que des étudiants montreraient une telle motivation ; et T. prend des photos car elle est sûre que ses collègues ne la croiraient pas sur parole.
Après que j’ai collationné quelques 1500 pages de catalogue et que T. a recopié ses derniers sommaires manuscrits, nous refermons les ordinateurs et allons prendre au Régent notre dernier déjeuner de 2010 : lieu au curry pour T., sole meunière pour moi. Derniers achats cours de l’Intendance (cannelés, charentaises, si, si !), récupération des bagages au Majestic et TGV normal, un cadeau de réveillon.

À minuit, on est rue Soufflot, dans l’alignement, pour la première fois tous les deux quand scintille la Tour Eiffel…

« Nous enchaînons les journées les unes dans les autres, travail, trajets, balades, séjours à Paris pour son travail ou pour le mien, à présent toujours ensemble en déplacements. Soleil, pluie, froid, bourgeons, chaleur, fatigue, voiture, supermarché, cris, rires, hirondelles inondant le ciel, tasses de café, lecture, coucher, amour, et nous continuons, la vie suit son cours, un projet est en train, quelque chose est au travail. » (Marc Pautrel, Un Voyage humain, p.32)

 

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