La littérature en a fait les frais
M’étant donné à moi-même l’ordre de finir un billet de décembre en y insérant des photos, j’en ai ressenti une certaine… répugnance.
Après des années à bloguer quotidiennement par plaisir et conviction ! Voilà où j’en suis !… Quoi ? Refaire la sélection des images, en reprendre la taille, le contraste, y incruster la légende, les enregistrer, les déplacer sur le serveur, les insérer dans le billet, rerégler taille et mise en page ? Tout ce que je faisais avec délectation il y a peu encore serait-il devenu un pensum infect ? Et où était-il, ce beau bénévol@t des années 2000 ?…
C’est aussi que 2010 a été pleine et lourde ! Autant en nobles tâches qu’en déceptions et en souffrances. Pour ce qu’il y avait d’estimable à vouloir réussir, que ce soit le projet Mazarinades, le site Volodine ou ma participation au colloque de Cerisy, voire l’acquisition d’un appartement, j’y ai pourvu honorablement, grâce à l’aide de T. Côté souffrances, physiques et morales, je ne veux ni m’étaler ni me faire plaindre ; j’en ai eu, c’est tout. Mon lot, mais rien d’insupportable au regard des catastrophes dont les médias sont pleins.
Des déceptions, aussi ? Certes, oui… À commencer par la vue qui baisse. Car il est difficile de s’habituer aux lunettes qui n’ont pas été portées jeune, et la littérature en a fait les frais, en 2010. J’ai dû lire moins de dix livres, y compris ceux sur lesquels j’ai travaillé et fait des cours… Et je n’en suis pas fier. Les arrivages continuent à s’entasser… La fin imminente des cours et des examens permettra peut-être de sortir de ce cycle ?
Et puis le dégoût, profond et prolongé toute l’année, devant cette procédure de CampusFrance au Japon (ailleurs aussi sans doute mais je n’y suis pas), cette officine imposée par Hortefeux pour choisir et ficher à l’avance les étudiants étrangers, ce dont j’ai parlé dans maints billets depuis avril. Je ne vais pas le refaire ; je n’ai pas une virgule à y changer. S’en est suivi une dispute avec quelqu’un que je croyais être un ami et qui n’était qu’une servile oreille de ses maîtres ; dont j’ai su récemment qu’il tyrannisait ses employés et que plusieurs d’entre eux avaient plié bagage depuis l’été ; comme quoi… Mais le plus triste, dans cette affaire, a été l’absence totale de réaction de la part des autres enseignants français au Japon (à l’exception des amis D. et A., notre fierté et notre espoir, car ils ont mené et mènent encore le combat bien plus loin que moi). Faut-il ajouter que je n’ai jamais jugé possible de sensibiliser les Français de France à ces problèmes du bout du monde, déjà trop accablés qu’ils sont par tout ce qui leur bousille la vie en interne !
Car si Facebook et d’autres réseaux sociaux ont pu avoir un rôle majeur dernièrement en Tunisie, il n’en a pas été de même en France où la contestation se noie littéralement dans la parlotte électronique. Faut-il reconnaître que seule la violence permet de changer réellement les choses ? Et que si l’on n’est pas décidé à mettre sa vie en péril, c’est qu’on accepte et acceptera, sous couvert de fiction démocratique, toutes les conditions du pouvoir oligarchique ? (Cf. Ce soir ou Jamais d’hier…)
Voilà, pour 2010, c’est fini. Demain, les livres et les liens reviennent.
Tags : CampusFrance, CeSoirOuJamais, Facebook, Hortefeux Brice, Mazarinades, Volodine Antoine
Publié dans le JLR
Morosité partagé par delà océans et continents.
Dac’hlmat, Berlol !
(en breton, mais vous le savez sans doute, « Tiens bon !)
Jeudi 27 janvier 2011 à 1:16
il faudrait tout de même avoir conscience que ni facebook ni le journal littéréticulaire ni le gasouzouillis mondialisé de twitter – qui n’est comme son nom l’indique qu’un gazouillis, considéré par beaucoup comme l’étalon de la “ »communication »” mondialisée actuelle, même s’il peut avoir des incidences politiques réelles et positives, comme on l’on vient de le voir récemment – que tout fort heureusement, ne passe pas forcément par ces réseaux-là ni par ton blog, ni par les circuits que l’un ou l’autre peut connaître – je dis cela par rapport à la soi-disante “absente TOTALE – et j’insiste BIEN sur le “TOTALE” – de réaction des autres enseignants français au Japon »…
assertion dont l’assurrance CATEGORIQUE, sans aucun renseignement extérieur, est d’autant plus choquante qu’elle est paradante…
et de fait presque insultante pour ce que l’on ignore…
comme quoi une fois de plus le non-savoir et la précaution ou circonspection devraient être de mises…
savoir avant tout que l’on se sait pas tout….
et même si cela (te)
paraît “dingue », il y a encore beaucoup d’autres moyens de s’exprimer en dehors de ceux-ci évoqués ci-dessus, ne serait-ce que par la parole, les courriers et autres encore… et la moindre des circonspections est de ne pas ignorer que l’on se sait pas tout….
Heureusement qu’on peut encore (en partie_ échapper à l’oncle nouveau SAm !
Merci du partage, cher André ! Et meilleurs voeux 2011 !
Merci tout d’abord, cher Vinteix, de ton message, c’est tellement rare, les commentaires, de nos jours, et merci de bien vouloir éveiller ma « conscience » à la vérité du monde et au fait que je n’en suis pas le centre.
S’il y a eu d’autres protestations, écrites ou orales, depuis donc exactement un an, j’aimerais bien en effet les connaître et serrer dans mes bras, même virtuellement, leurs auteurs. Mes billets, publiés et donc publics, n’ont reçu AUCUNE réaction, et c’est ce que j’appelle, cum grano salis, une « absence totale de réaction »… toutefois limitée, sursaut de conscience, peut-être, aux « autres enseignants français au Japon »…
Ai-je eu tort ?
Par ailleurs, les recherches faites sur le web pour savoir s’il y avait quelque part dans le monde un mouvement de protestation ont également été infructueuses. Ma solitude et mon désarroi se sont donc exprimés par une certaine hyperbole, à l’instar du nez de Cyrano qui n’est certes pas une péninsule !
Et donc… tu as quelque scoop ? Concernant toi-même ou quelqu’un de ta connaissance ? Un coming-out d’anti-campusfrancité ?
Solidarité, ouais, ouais !
Quoi qu’il en soit, je te souhaite une bonne nouvelle année !
pour répondre rapidement à ta question, j’avais tout simplement exprimé par mail mon désaccord et mon indignation d’abord à la direction de l’Institut fr-jap de Fukuoka qui a par la suite transmis à l’Ambassade…
Meilleurs voeux à toi aussi.
Suis heureux de le voir écrit noir sur blanc. Tu sais sans doute que l’Ambassade et CF répondaient systématiquement que tout allait bien et qu’il n’y avait aucune plainte des étudiants eux-mêmes… Les responsables des deux côtés ont changé et le ton aussi. D’autant que les deux principales associations de profs sont montées au créneau et n’en descendent pas. J’espère que cela va évoluer, notamment dans le sens du respect des conventions inter-universitaires. A suivre…