Suicide littéraire
Tranche de vie. Ai vu ce soir le téléfilm sur Louise Michel avec Sylvie Testud (Solveig Hanspach, 2008), qui incarne magnifiquement, si l’on peut dire, cette femme dont la détermination est sans égale. Sinon dans le désespoir combattant du post-exotisme. Elle mourut l’année où naquit Jean-Paul Sartre, une plus petite pointure.
Imaginez Louise Michel dans la Seconde Guerre mondiale…
Ici, il ne neige pas, ou pas encore. Du soleil presque tous les jours, de la chaleur toute la matinée grâce aux baies vitrées à l’Est. Un peu de chauffage à partir du milieu de l’après-midi. Mais des semaines de cours qui continuent.
Lundi, j’ai pu déposer à l’administration de l’université les attestations de conformité des transcriptions des Mazarinades (plus de 2700 documents) et de la première étape du site web, pour paiement des contrats passés en mai-juin. Durant ce tunnel de sept mois, quelques dizaines de personnes ont travaillé environ 40.000 heures, au total, quelque part dans le monde, pour faire changer ces documents d’époque et de paradigme. En effet, l’image numérique des pages fait encore partie du monde de Gutenberg ; alors que la transcription textuelle et sa mise en ligne propulsent les pamphlets de 1648-1653 vers l’indexation, la recherche plein-texte d’occurrences et de co-occurrences, l’édition en ligne sans autre limite d’espace que la qualité des commentaires, la disponibilité partout et par tous d’un patrimoine qui n’était jusqu’alors disponible qu’à une infime élite.
On n’est pas mécontents de sortir du tunnel ; T. pour tous les documents administratifs qu’elle a dû remplir et commenter en japonais, les autres collègues pour les relectures mot à mot qu’ils ont eu chacun à mener sur un petit nombre de pièces, moi pour la tension sollicitatrice que j’ai dû maintenir en vue de la qualité et du respect des délais.
En même temps (car il y a toujours de l’en même temps), le projet d’invitation d’un collègue de l’Université d’Orléans, dans le cadre des échanges pédagogiques entre nos deux universités, arrive à son terme. Dominique sera là lundi prochain et pour dix jours. Il a tout à l’heure rencontré, par visio-conférence, ceux de nos étudiants de 1ère année qui partiront en France en février. Grâce à ce programme démarré en amont du voyage linguistique, nos étudiants se sont motivés au départ d’une façon bien plus efficace que les années précédentes.
Par ailleurs, nous avons appris qu’après le froid et la neige en abondance la semaine dernière, il pleuvait maintenant à seaux à Orléans.
« Les écrivains du post-exotisme, reprend-elle, ont en mémoire, sans exception, les guerres et les exterminations ethniques et sociales qui ont été menées d’un bout à l’autre du XXe siècle, ils n’en oublient et n’en pardonnent aucune, ils conservent également à l’esprit, en permanence, les barbaries et les inégalités qui s’aggravent entre les hommes, et pas une seconde ils n’écoutent les chiens des maîtres qui leur suggèrent d’adapter leur propagande à la réalité et au présent, autrement dit au présent et à la réalité tels que les conçoivent les responsables du malheur, et qui leur conseillent de rompre avec leurs croyances obsolètes, de s’avouer vaincus et de rejoindre, après, bien sûr, les formalités de lever d’écrou, le camp des paroliers officiels […] » (Antoine Volodine, Écrivains, p.34)
____Suicide littéraire
Pour l’heure de ta mort,
tu as le choix dans la date.
Un bon stylo
est un stylo mort.
Quand tu es dans le désert
de la page blanche,
restes-y !
Un éditeur qui propose un bon contrat
est assurément un mauvais éditeur.
Tout comme l’auteur qui l’accepte.
Quand tu es dans un stylo
qui propose un bon désert,
meurs-y !
Tags : Hanspach Solveig, Michel Louise, Sartre Jean-Paul, Testud Sylvie, Volodine Antoine
Publié dans le JLR