À toute personne désireuse d’obtenir un visa étudiant pour la France
Suite de l’affaire CampusFrance et des visas étudiants au Japon.
Voici copie d’un courrier dont je ne suis pas l’auteur (sinon je le dirais) mais avec lequel je suis en total accord. Veuillez faire circuler, s’il vous plaît.
Quelque part dans le Japon, le 11 juin 2010
Au sujet de CampusFrance
et des nouvelles démarches pour l’obtention des visas étudiants
L’ambassade de France à Tokyo a instauré depuis le 1er janvier 2010 un nouveau système pour ce qui est de la demande des visas étudiants. Désormais, il est imposé à toute personne désireuse d’obtenir un visa étudiant pour la France, de s’inscrire préalablement en ligne sur le site de Espace CampusFrance Japon. Puis, cette procédure achevée et sur l’avis favorable de Campus France, l’étudiant peut alors entamer la procédure de demande de visa-étudiant.
Mais de quoi s’agit-il au juste ?
La procédure dont il est question, appelée Centre pour les Etudes en France (CEF), est pilotée par le Ministère français des Affaires Etrangères. Placée sous la tutelle de trois ministères (Affaires étrangères, Enseignement Supérieur et Recherche et Education nationale), elle a été introduite au Japon le 1er janvier 2010 où elle est gérée par l’Espace CampusFrance Japon, désormais rattaché à l’Ambassade de France.
Cette procédure en ligne a, soi-disant, pour objectif principal de permettre aux étudiants japonais d’effectuer leur demande d’inscription auprès des universités françaises de leur choix et de suivre en temps réel l’évolution de leur dossier. Grâce à leur compte en ligne et à une messagerie intégrée, comme dit la publicité (!), les étudiants peuvent directement poser leurs questions aux conseillers de CampusFrance Japon, qui répondent généralement dans les cinq jours, comme dit toujours la publicité (!). Cette procédure permet donc aux étudiants d’avoir un suivi personnalisé de leur dossier et un interlocuteur unique pour leur demande d’inscription au sein d’un établissement d’enseignement supérieur en France. A titre individuel, qu’un étudiant japonais soit ainsi guidé et aidé dans ses choix, paraît être sur le principe une initiative tout à fait louable.
Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes si cette procédure philanthropique ne cachait en réalité d’autres visées moins ragoûtantes, dès lors qu’il s’agit AUSSI et peut-être même AVANT TOUT d’une démarche préalable obligatoire à toute demande de visa étudiant d’une durée de plus de 3 mois (comme la plupart d’entre vous le savez peut-être déjà, il n’y a plus de distinction entre un visa de 3 à 6 mois et un visa d’un an). En effet, CampusFrance est, depuis 2008, placé également sous la tutelle du ministère de l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du développement solidaire !
L’inscription forcée à Campus France (cité CF ci-après) est payante : 20.000 yens (15.000 yens si l’entretien est effectué par l’université japonaise qui se charge habituellement de sélectionner elle-même ses étudiants). La demande de visa coûte 7.000 yens, quant à elle, et nécessite de plus un déplacement obligatoire jusqu’à Tokyo aux frais de l’étudiant, pour la prise des empreintes digitales.Ignorant les accords inter-universitaires, CF facture donc très cher nos jeunes étudiants japonais de 18-20 ans, qui veulent juste étudier pendant 3 à 12 mois la langue française soit dans le cadre d’échanges en mobilité encadrée (c.-à-d. avec protocole d’échanges d’étudiants) , soit en mobilité non-encadrée (c.-à-d. à titre individuel et hors-protocole d’échanges ).
En réalité, CF ne fournit aucun service et alourdit même la procédure. En effet, comme de par le passé, les procédures de mobilité se déroulent comme à l’habitude sans l’intervention ni la quelconque facilitation de la part de CF. Nos étudiants continuent à s’inscrire directement sur les sites des Relations Internationales de leurs universités d’accueil, puis envoient leurs dossiers papiers en France et obtiennent 2 à 3 semaines plus tard, sans passer sans CF, leur « lettre d’acceptation », leur « notification d’attribution de logement au CROUS » et leur « attestation d’inscription aux cours de langue (française) ».
De son côté, même si par exemple tous les documents officiels sont déjà reçus de la part de l’université française, CF oblige les étudiants à se réinscrire, à redonner toutes les informations qu’ils ont déjà données à leur université française d’accueil. À savoir : dossier détaillé de 5 pages à compléter en ligne, copie d’attestation de scolarité, copies des résultats des années universitaires précédentes, etc. Outre cette facturation scandaleuse et injustifiée dans le cas d’étudiants en mobilité, CF demande en plus au futur étudiant en mobilité de lui faire parvenir un document signé par le Doyen de sa faculté japonaise, document qui atteste de l’existence des accords inter-universitaires ! L’administration française ne remettrait-elle pas là en question les accords inter-universitaires ?
Tant que le virement bancaire n’a pas été effectué, l’étudiant ne peut pas demander son visa et CF indique clairement sur le compte en ligne de l’étudiant que son choix définitif n’est pas encore décidé ou en cours de traitement alors que l’université française a déjà donné officiellement son aval. Tout ceci est bien un non-respect des accords et une véritable ingérence mettant scandaleusement à mal les échanges internationaux entre établissements du supérieur ?
De plus, la facturation pour les étudiants en mobilité est différente selon les pays. Elle est gratuite pour les ressortissants canadiens, facturée 6300¥ pour les Américains, 23000¥ pour les Chinois, etc. Bref, il ne semble pas y avoir de règle précise et aucune réponse claire et précise n’a été obtenue à ce jour de la part de l’ambassade, malgré les multiples demandes de divers enseignants responsables des partants.
Qu’en est-il donc de cette procédure ?
Celle-ci se déroule selon les étapes suivantes :
1- création d’un compte étudiant sur le site de CampusFrance (japon.campusfrance.org) ;
2- renseignement du formulaire par l’étudiant (informations sur le cursus, les capacités linguistiques et les motivations) ;
3- choix de l’établissement (jusqu’à vingt établissements peuvent être sélectionnés par dossier) ;
4- envoi de la copie des pièces justificatives à l’Espace CampusFrance (attestation de diplôme de fin d’études secondaires, du dernier diplôme obtenu, des bulletins de notes, justificatif du niveau de français TCF ou Delf-Dalf, éventuellement d’une bourse et/ou d’une attestation de pré-inscription, et la l’attestation du Doyen certifiant l’existence du protocole d’échange d’étudiants).
Vous trouverez la liste en japonais des pièces à fournir à l’adresse suivante :
http://japon.campusfrance.org/IMG/pdf/Pieces_justificatives_CEF.pdf
5- paiement de frais de dossier par virement bancaire et entretien à effectuer auprès de CampusFrance ;
Une fois l’inscription CampusFrance achevée :
6- demande de visa étudiant auprès du consulat à Tokyo.
Pour l’entretien CampusFrance, 3 cas de figure semblent être prévus. Dans le premier cas, l’étudiant possède déjà une attestation de pré-inscription (dans le cas d’un séjour d’études linguistiques ou d’un programme d’échange inter-universitaire), l’entretien peut-être dispensé ; sinon, l’entretien peut être effectué le jour même de la demande de visa pour éviter, dans un remarquable élan d’humanité administrative (!), que l’étudiant n’ait à se déplacer deux fois. Dans le troisième cas, l’étudiant postule individuellement dans une université, alors l’entretien doit être effectué en amont, afin que les universités disposent du dossier complet avant de valider l’inscription de l’étudiant. Dans ce cas, l’entretien peut être effectué par téléphone, pour éviter encore que l’étudiant n’ait à se déplacer deux fois à Tokyo. On comprend bien vite que l’orientation n’est sûrement pas l’élément-phare de cette nouvelle procédure, puisqu’un simple appel téléphonique semble suffisant…
Le discours officiel cherche à nous faire croire que l’entretien CampusFrance sert ainsi à orienter l’étudiant et à s’assurer de son projet d’études afin de pouvoir donner un avis détaillé à l’établissement d’accueil, mais aussi à faciliter les démarches de demande de visa en prenant en charge la vérification des pièces académiques de son dossier. Or, dans le cas d’étudiants en accord inter-universitaires, tout ce travail de vérification a déjà été effectué par l’université de départ ! En conséquence, le prélèvement d’une dîme de 15.000 à 20.000 yens pour un service INEXISTANT est un pur scandale.
Quoi qu’il en soit, cette procédure, dont on perçoit qu’elle ne vise en réalité qu’à contrôler le flux potentiellement illégal d’étudiants de certaines nationalités, impose une entrave sévère aux études en France pour tous les étudiants japonais. En effet, le parcours déjà ardu pour un étudiant partant seul se transforme en un parcours du combattant… de luxe, puisque l’entretien indispensable à Tokyo, à lui seul, s’avèrera très vite rédhibitoire pour tous les étudiants de province ne pouvant se permettre outre les 20.000 yens de rajouter des frais d’avion ou de shinkansen ainsi que des frais d’hébergement à l’hôtel pour ceux ne pouvant faire l’aller-retour à Tokyo dans la journée. Par ailleurs, le paiement de 20.000 yens est déraisonnablement abusif dès lors qu’un accord inter-universitaire a déjà permis de boucler le dossier de l’étudiant ! Le fait même que CampusFrance s’immisce dans les relations entre universités françaises et japonaises dans le seul but de rendre service au ministère de l’immigration, paraît en soi difficilement acceptable.
Enfin, pour conclure, le fait qu’aucune information préalable à l’instauration de ces nouvelles procédures ne soit parvenue aux professeurs des universités de la part des services de l’attaché de coopération universitaire au service culturel de l’Ambassade de France, qui normalement doit suivre les questions relatives aux accords d’échanges inter-universitaires, constitue un autre motif de colère.
Enfin, comme il a déjà été notamment signalé au Conseiller culturel de l’ambassade de France à Tokyo encore récemment, la cause que nous défendons est, outre la collaboration universitaire et scientifique, la facilitation et le bon déroulement des échanges d’étudiants mutuels/réciproques entre la France et le Japon. Et si, pour des raisons financières, nos étudiants et leurs familles ont déjà et auront de plus en plus de mal à supporter le coût des démarches onéreuses liées à l’obtention du visa-étudiant, il y aura de moins en moins de partants. Alors, les universités japonaises ne seront plus en mesure de pouvoir accueillir les étudiants français qui sont pourtant de plus en plus nombreux à vouloir venir au Japon. Bref, les échanges risquent d’être de plus en plus à sens unique et perdront toute raison d’être maintenus. Le danger est imminent.
Certaines associations, comme le Conseil d’Administration de la SJDF ou, à titre individuel certains enseignants, ont déjà saisi l’affaire depuis quelques mois et essayent de négocier avec les services français la gratuité de CampusFrance dans le cadre d’échanges inter-universitaires. Plus nous serons nombreux à réagir, plus nos voix seront entendues.
C’est pourquoi nous en appelons à votre soutien actif, en faisant connaître ce problème autour de vous, en faisant part de votre révolte auprès de l’ambassade de France à Tokyo (Standard, Tél : (03) 5798-6000 ; Service culturel, Fax : (03) 5798-6026) et en portant l’Affaire très haut, afin que solution se trouve et que cette sélection et cette facturation injustifiées cessent.
Bien cordialement à tous.
Un enseignant révolté.
Publié dans le JLR
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