Les terminaux maintenant éteints
La route est aérienne mais c’est la route.
Depuis quelques heures, nous sommes dessus, T. et moi. Ce matin encore au bureau, j’imprimais les dernières informations utiles, listes de numéros de téléphones d’étudiants et de familles d’accueil, programmes de cours, courriers de réservations d’hôtel ou de voiture, j’achevais mon dossier annuel de remboursement de frais de recherche pour le déposer, nous déjeunions avec David de hamburger fait maison chez Downey, enfin, à la maison, nous fermions et pesions nos valises pour voir si nous pouvions donner l’exemple (avec une poignée électronique qui permet de peser une valise en la soulevant).
Et puis d’un seul coup, la voiture de notre collègue étant arrivée, nous avons dû vérifier les fenêtres, fermer le gaz, éteindre les lumières, débrancher des appareils, descendre les bagages, les enfourner dans un coffre d’une voiture, passer prendre l’autre accompagnateur à quelques dizaines de mètres, et nous étions en route, vers notre avenir et l’aéroport Centrair, au milieu des eaux sur des tonnes de poubelles.
De la chambre de l’hôtel Centrair, le même que celui où j’étais il y a deux ans à pareille époque, mais cette fois avec T., nous voyons les terminaux maintenant éteints. C’est un non-paysage, un transit technologique de verre, de métal et d’ombre. Nous devons dormir. Demain matin, le groupe de 35, nous compris, s’assemblera dans le hall, à quelques dizaines de mètres de notre actuelle fenêtre, et je ne sais pas si nous aurons l’occasion de dormir ni même, je le dis sans pathos, d’arriver en France…
Publié dans le JLR