Pour quoi faire et jusqu’à quand
Encore un hiver
et encore un été
et encore un hiver
et encore un été
Bon, d’accord
et encore des hivers
et même des printemps
mais pour quoi faire
et jusqu’à quand
Ces jours-ci, malgré l’attention que je porte à séparer les lectures, mon cerveau tente de mixer L’Éducation sentimentale de Gustave Flaubert, Macau d’Antoine Volodine et Stupidity d’Avital Ronell. Le résultat — tout intérieur — est indicible. Et ce ne sont pas les dernières récompenses qui vont y changer quoi que ce soit (vu que je connaissais déjà l’excellence de Marie Ndiaye et le dandysme mal écrit de Frédéric Beigbeder).
En revanche, un portrait d’Irène Lindon, si elliptique soit-il, ça ne se laisse pas passer.
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Copie pour mémoire :
« L’étoile de Minuit », par Jérôme Garcin, dans le NouvelObs.com du 22 octobre 2009.
« Elle a le succès discret, et même effacé. Elle ne raconte pas sa vie devant les caméras de Strip-tease. Elle ne publie pas de vieux présidents libidineux.
Elle n’achète pas des pages de pub dans les journaux pour vanter ses livres, leurs tirages impressionnants, leurs critiques dithyrambiques, leur présence dans les sélections des prix de saison. Elle ne change rien aux couvertures austères et blanches de ses romans. Elle ne sort qu’une quinzaine de titres par an. Elle est, à elle seule, un troublant défi aux lois du marketing, des modes, et de la complaisance. A la tête d’une maison née dans la clandestinité, en 1942, avec le Silence de la mer, de Vercors, elle semble, au cœur du quartier Latin, faire encore de la résistance. A son époque et au milieu. Elle s’appelle Irène Lindon. On sait de qui elle tient, on ne sait pas qui elle est.
Depuis la mort de son père, elle dirige les Éditions de Minuit. En 2001, à la fin de son hommage à Jérôme Lindon, Maurice Nadeau écrivait dans la Quinzaine littéraire : « Confiance à Irène Lindon ». Il avait raison. Cette lectrice hors pair est présente derrière les plus beaux et singuliers romans de cette rentrée : Des Hommes, de Laurent Mauvignier, et La Vérité sur Marie, de Jean-Philippe Toussaint. Les deux ont d’ailleurs rejoint, sur les listes des meilleures ventes, Trois Femmes puissantes, de Marie NDiaye, aujourd’hui publiée par Gallimard mais dont Jérôme Lindon a été, en 1985, le découvreur (de cette lycéenne de 17 ans, il aima et édita Quant au riche avenir, roman suivi de six autres chez Minuit, dont Rosie Carpe, prix Femina 2001). On se souvient du délectable portrait-souvenir de Jérôme Lindon par Jean Echenoz. Peut-être viendra-t-il un jour l’idée à Jean-Philippe Toussaint d’écrire un roman sur sa fille. Cela s’appellerait la Vérité sur Irène. Et il serait auréolé de la légendaire et mystérieuse étoile de Minuit.»
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Publié dans le JLR
je ne veux pas y penser
A propos de
pour quoi faire
et jusqu’à quand…
j’y pense
et puis j’oublie…