Dans un désoeuvrement sans fond
Avec un retard certain, dû à la surcharge d’activités (programmes pour l’an prochain, dossiers administratifs, courriers pour Orléans en février, sites de recherche en cours de développement, suivi Litor, etc.), je poste enfin (2 novembre) le cours du 24 octobre, à sa date, donc.
Cours sur le chapitre III de l’Éducation sentimentale et aventure du mot « désœuvrement », et « ennui », à quoi on pourrait associer ses contraires, travail, activité, etc. À écouter ici. Occurrences flaubertibles ci-dessous.
Déjeuner très agréable au Saint-Martin avec nos amis les B., prenons des salades aux gésiers et au filets de canard , et des frites à côté. Après quoi, T. va faire des courses et je retourne me coucher… Mais revenons à notre mouton.
Occurrences :
1 1, 3| spectacle, il tomba dans un désoeuvrement sans fond. ~ Mille choses (42)
2 1, 3| alla pas plus loin, et son désoeuvrement redoubla. ~ Alors, il supplia (46)
3 1, 5| n’avait aucun travail, son désoeuvrement renforçait sa tristesse. ~ (92)
4 1, 5| regarder l’affiche ; et, par désoeuvrement, prit un billet. ~ On jouait (119)
5 2, 2| tyroliennes. L’après-midi, par désoeuvrement, elle découpait des fleurs (186)
6 2, 6| de patience ! » ~ Et, par désoeuvrement, il examinait les rares (344)
7 3, 1| venus là sans doute par désoeuvrement, ou qu’avaient introduits (374)
8 3, 6| passèrent ; et il supportait le désoeuvrement de son intelligence et (509)
Pour continuer (champ lexical) :
nuages blancs arrêtés, et l’ennui, vaguement répandu, semblait (22) ; forme pareille, le même ennui ! Pendant quinze jours, (42) ; commencèrent trois mois d’ennui. Comme il n’avait aucun (92) ; supposer un hasard, ou l’ennui de passer leur soirée en (120) ; banquette, regardait cela, par ennui, perdu dans cette langueur (242) ; sa chambre. ~ C’était par ennui, surtout, que Mme Dambreuse (457) ; devenez-vous, mon cher ? Je m’ennuie. » ~ Mais l’écriture était (252) ; sanglot. ~ — » Ah ! tu m’ennuies, à la fin ! » ~ — » C’est (228) ; il lui dit : ~ — » Tu t’ennuies peut-être ? » ~ — » Non, (396) ; Ah ! tu nous ennuies avec tes anciennes ! (440) ; en collier. ~ Comme les ennuis de Frédéric n’avaient point (43) ; la répétition des mêmes ennuis et des habitudes contractées. (47) ; jusqu’au soir, Frédéric s’ennuya mortellement. ~ Sa surprise (388) ; qui l’entouraient. Mais, ennuyé de cette compagnie, sans (21) ; Diable, diable ! c’est ennuyeux ! elle a raison ; il faut (111) ; démonstrations d’Arnoux ennuyaient Frédéric, qui avait froid (146) ; surpris par ces idées. Elles ennuyaient Cisy probablement, car il (182) ; 1834. ~ Comme ces choses ennuyaient Frédéric, il se rapprocha (294) ; demoiselles de la province, s’ennuyaient beaucoup, n’ayant personne (471) ; affection. Puis, comme il s’ennuyait, il alla se distraire chez (222) ; plaisir de Rosanette, qu’il ennuyait beaucoup, disait-elle. ~ (259) ; dernier départ. La foule qui s’ennuyait se répandit. Des groupes (260) ; austérité un peu théâtrale l’ennuyait maintenant. D’ailleurs, (306) ; reste : Nogent devait l’ennuyer. Les visites augmentaient. (171) ; naissante, tous paraissaient s’ennuyer ; quelques dandies, d’un (201) ; Frédéric commençait à s’ennuyer. ~ — » Cela vous fatigue (247)
Contextes les plus intéressants :
— Désœuvrement, tristesse, mouvement vers le bas…
« Les joies qu’il s’était promises n’arrivaient pas ; et, quand il eut épuisé un cabinet de lecture, parcouru les collections du Louvre, et plusieurs fois de suite été au spectacle, il tomba dans un désoeuvrement sans fond. Mille choses nouvelles ajoutaient à sa tristesse. » (42)
« Frédéric descendit l’escalier marche à marche. L’insuccès de cette première tentative le décourageait sur le hasard des autres. Alors commencèrent trois mois d’ennui. Comme il n’avait aucun travail, son désoeuvrement renforçait sa tristesse.
Il passait des heures à regarder, du haut de son balcon, la rivière qui coulait entre les quais grisâtres, noircis, de place en place, par la bavure des égouts […] » (92)
— Désœuvrement, disponibilité, hasard…
« Il s’arrêta devant le théâtre de la Porte-Saint-Martin à regarder l’affiche ; et, par désoeuvrement, prit un billet.» (119)
— Ennui, impatience…
« Les démonstrations d’Arnoux ennuyaient Frédéric, qui avait froid et faim. » (146)
« […] les maisonnettes des stations glissaient comme des décors, et la fumée de la locomotive versait toujours du même côté ses gros flocons qui dansaient sur l’herbe quelque temps, puis se dispersaient.
Frédéric, seul sur sa banquette, regardait cela, par ennui, perdu dans cette langueur que donne l’excès même de l’impatience. Mais des grues, des magasins, parurent.» (242)
— Ennui, habitudes…
« Ainsi les jours s’écoulaient, dans la répétition des mêmes ennuis et des habitudes contractées. » (47)
« ses compagnes, presque toutes des demoiselles de la province, s’ennuyaient beaucoup, n’ayant personne qui vînt les voir » (471)
— Travail, excitant ou calmant…
« Il acheta les poètes qu’il aimait, des Voyages, des Atlas, des Dictionnaires, car il avait des plans de travail sans nombre ; il pressait les ouvriers, courait les magasins, et, dans son impatience de jouir, emportait tout sans marchander. » (169) ; « la sérénité du travail l’apaisa » (235)
Tags : Flaubert Gustave, flaubertible
Publié dans le JLR