Petit lyrisme de paradis perdu
5h30. Comme dirait Alain. Dont il sera question.
Pour l’heure, notes sur Le Clézio, Le Chercheur d’or, pages 24-28 : la mère, portrait et enseignement côté culture occidentale, ou à l’occidentale, et francophone, l’enfant qui deviendra narrateur avait déjà une « belle écriture », y voir de l’autobiographique, concept téléphoné… Mais en effet, une belle écriture qui frôle les événements et les sensations et nous laisse produire le sens, le poids. Les étudiants sont d’accord.
Puis pages 35-39 : la cellule familiale comme recluse dans ce trou perdu, branche méprisée de l’arbre colonial blanc parce qu’en trop grande empathie avec les Noirs, paradis du petit Alexis, n’a pas les mêmes idées que la branche urbaine, donc conformiste, raciste, et friquée, mais la déchéance approche, d’abord, pour les enfants, par le mystère de mots qui ne sonnent pas très joyeusement à leurs oreilles : banqueroute, hypothèque, saisie, etc. Déjà, en 1890… Les crises, ça n’est pas nouveau, dit sans le dire Le Clézio. Là encore, le texte ne nomme pas les choses, il les suggère par la sensibilité de l’enfant que l’adulte reconstruit. Puis second volet de l’éducation, côté nature, avec Denis, l’autochtone noir, justement, qui sait tout de son milieu, les noms des fleurs, des oiseaux, etc. — et c’est là, justement, que l’écriture leclézienne ne sait pas ou ne sait plus faire autre chose qu’une plate énumération visant à petit lyrisme de paradis perdu, là où Volodine, dans Le Nom des singes, commence, justement, la construction littéraire…
À préparer pour la semaine prochaine : les pages 60-64, 66-68, 77-88.
Pour le 5 mai, les pages 109 à 119.
Pour le 16 mai, les pages :126-131, 137-139, 161-168, 183-185.
Déjeuner au Saint-Martin avec T., il y a du lapin en gelée !
Puis on se sépare dans la montée de la gare, après avoir compté les tortues revenues dans le déversoir en contrebas, après leur hibernation, dit-on, couvrant par ce pieu mensonge pour petits enfants je ne sais quels parcours souterrains en vue d’un plastiquage général de la ville qui ne saurait tarder. Onze ! Et pas des p’tiotes ! Se pavanant dans la cascade, l’air de rien. Quatorze, me dira T. plus tard, quand, après ses courses, elle les aura recomptées, les retardataires ayant sans doute dû se délester quelque part de leurs excédents d’explosifs…
Et toujours l’aigrette blanche, bien sûr.
Maison franco-japonaise pour l’après-midi du colloque Proust.
J’aime bien l’exposé de Risa Aoyagi sur la science cérébrale, qui oscille entre l’état des connaissances sur la mémoire au temps de Proust et un état quand même assez vague des sciences cognitives d’aujourd’hui. Et puis l’exposé d’Antoine Compagnon m’enthousiasme, pour une fois, par la fraîcheur, encore humides, à peine écloses, de ses recherches sur Stendhal chez Proust — où il n’y a à vrai dire pas grand-chose, mais un presque rien qui mérite quand même d’être creusé, des fois que Proust nous aurait caché des choses… En tout cas, c’est sûr, il avait acheté HB, le pamphlet biographique de Mérimée sur Stendhal !
Cocktail dans les appartements du directeur, dont l’accueil est tout à fait cordial et attentif. Où n’est pas montée Daniela mais où je retrouve Corinne, des Copyrights, comme si on s’était quitté hier. Elle est avec quelqu’un de la SACD, qui cherche à faire jouer des pièces françaises. En ce moment, de Pierre Notte, qui fera aussi une conférence lundi. Je lui parle de Mes Gaillards, d’Alain Sevestre, elle a dit qu’elle connaissait. Elle était subjuguée, Sandrine, — positivement — qu’à Tokyo quelqu’un lui parle de Mes Gaillards, comme ça, de but en blanc, dans les appartements du directeur de la Maison franco-japonaise. Mais c’est comme ça.
Et aussi, dans le métro, j’ai entamé Belle-Méduse, de Manuela Draeger… On voit ça demain.
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Publié dans le JLR
amusant d’être si intéressée à distance par le retour des tortues