Avec des rideaux noirs
Reprise des cours — trois d’un coup, c’est l’électrochoc. Avec une nouvelle collègue qui n’est autre que la Sophie des mercredîners (dont on ne sait encore s’ils reprendront un jour). Dans la série des choses qui reprennent, David et moi avons décidé de retourner au ping-pong dès mardi…
Mes étudiants de première année ont l’air bien communicatifs. C’est de bon augure : pas de mijaurées pour les exercices de prononciation du RRRrrrrrrr, par exemple.
Le séminaire, enfin, démarre aussi très fort avec les infos administratives nécessaires, suivies tout de même d’une première demi-heure d’Hiroshima mon amour. Pas un murmure dans la salle (j’ai enfin eu une salle avec des rideaux noirs).
Shinkansen. Dans lequel le Chercheur d’or continue à chercher et à comprendre, pour accéder chaque fois à un autre niveau. Un roman mystique, finalement. Mais sans que l’écriture m’amène à quelque adhésion que ce soit.
Plus tard, dans la soirée, le courrier d’une amie nous informe de la mort d’Henri Meschonnic. Nous vérifions en ligne où il y a déjà un article du Nouvel Obs et du Magazine Littéraire, ainsi que quelques blogs. Pour Litor, je choisis l’annonce par Lignes de fuite… Pas la peine d’aller où l’insinuation et la haine se débrident déjà.
Lui, au moins, il a vécu. La vigueur de ses ennemis en atteste. Le silence de ses amis aussi, même s’il n’aura qu’un temps.
Pour T. et moi, c’est l’abattement. Redoutée depuis les très mauvaises nouvelles apportées par Serge Pey mardi soir, sur le fond de ce que nous savions depuis de longs mois.
Mais tellement de souvenirs… — à Tokyo, à Nagoya, à Kamakura, à Cerisy, à Chelles, à Paris — qu’on n’y croit pas encore.
Extrait :
Quand j’entre dans la poésie de Meschonnic
Je rentre à la meschon.
Si c’est ce simplissime nous qui nous lie
et que je lis dans ce qui nous noue
je sais que c’est le poème
qui dénoue ce qui nous ment
qu’après lui rien ne dément ce qui nous noue
Et c’est le dénouement
Tags : Genin Christine, Le Clézio Jean-Marie Gustave, Litor, Meschonnic Henri
Publié dans le JLR
quel choc! c’est par toi que je l’apprends! je n’avais pas de relation personnelle avec lui, ni de relation intellectuelle très poussée avec son travail, mais je faisais quand même mon miel de certains textes absolument remarquables, et je repense avec nostalgie aux années à Paris 8…
bonne rentrée, bon tout. j’espère qu’on se verra à Tokyo fin mai.