Grâce aux poux
Matinée ensoleillée et studieuse — je lis même un bon moment sur le balcon, jusqu’à avoir trop chaud. Déjeuner avec T. dans la tour Shin-Marunouchi. Excellent teishoku, un peu comme à la campagne.
Déchirants adieux à la gare de Tokyo — pour deux jours…
Lecture dans le shinkansen : notre Chercheur d’or survit à la 1ère Guerre mondiale — grâce aux poux — et retourne, décoré, dans son île… (à compléter)
Dans ma boîte aux lettres, après trois semaines d’absence, au moins deux kilos de publicités, de journaux de quartier gratuits, de menus de pizzas et de sushis à livrer. Quelle débauche de papier ! Beaucoup plus qu’à mon ancienne adresse… qui était plus loin du métro.
Poésie Action. Je vais en vélo à l’Alliance et la trouve bien calme… C’est que, trop sûr de moi, je n’ai pas regardé le programme : il faut aller à Sakae, au Aichi Arts Center, c’est-à-dire en métro à six stations d’ici ! Finalement j’arrive un quart d’heure en retard et prends en cours la première performance, de Tokio Maruyama, toute en vibrations et contacts du corps avec scie, marteau et tondeuse à poils de nez. Puis c’est au tour de Seiji Shimoda, tendu dans un impressionnant ralenti de doigts dont on ne sait s’il est jeu d’enfants ou gigantomachie terrible.
Rencontre — enfin — de Serge Pey, à l’occasion de sa performance. Chiara Mulas et lui ont commencé par nous enlever nos sièges (60 personnes environ) pour les entasser n’importe comment au milieu de la pièce. Puis ils les ont entourés de rubans de gros scotch pour en faire un bloc compact de près de deux mètres de haut et d’une dizaine de pourtour, et, puisque le scotch était face collante vers l’extérieur, déposer sur quatre ou cinq tours des feuilles de poèmes de Serge Pey et des feuilles blanches. Ce dernier enfile ensuite des chaussures entourées de bruyantes noix qui s’entrechoquent, avec lesquelles il entame une danse sacrée, sur fond de dodelidoo enregistré, en récitant un poème dont on ne comprend pas tous les mots — l’effet de brouhaha étant, je pense, en partie voulu. Très belle quasi-improvisation, finalement dédiée aux étudiants actuellement en lutte. Ce que le public d’ici a du mal à comprendre, ignorant qu’il est de la situation dramatique des universités françaises.
Dîner dans une izakaya où l’on fait joyeusement plus ample connaissance, Serge Pey me donnant aussi — hélas — d’alarmantes et terribles nouvelles d’un ami commun…
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Publié dans le JLR