Blogs qui te paraissent merdiques
— Alors, il faut que tu écrives quelque chose, dit la conscience.
— Je ne vois rien à dire, laisse-moi tranquille, dit la flemme.
— Mais quand même, t’as fait des choses…
— Oh si peu ! tu parles ! lire, sortir faire des courses, déjeuner au Saint-Martin. Et puis, qui ça intéresse ces listes d’émissions enregistrées ? ces bouts de livres en cours de lecture ? Et mes avis tâtonnants, sur tout ou rien.
— Tiens ! avant tu n’avais pas de ces arguments !… Je me souviens d’une époque où tu feignais de mépriser ton public, de te foutre du fait même d’être lu. T’as perdu la vocation ?
— Oui, alors ça, non : ça n’a pas changé. Je m’en fous complètement, du public. Ce qui m’intéressait surtout, c’était la discussion, l’ouverture sur un débat sincère et argumenté autour de contenus littéraires. T’as bien vu, l’époque où ça a existé, un peu, dans ce genre de site perso, c’est complètement passé. Maintenant, il n’y a presque plus de commentaires, ici. Juste quelques amis, qui laissent de temps en temps un petit coucou sympathique. Je les remercie, bien sûr, c’est toujours agréable. Mais pas de discussion. D’une part, on juge inutile d’abonder, et je suis d’accord, d’autre part, on craint d’être mal compris, même si on argumente, et en plus on risque d’être descendu par un tiers de passage. Parce qu’il y a des snipers, dans les blogs. Des gens qui se font une spécialité, anonymement la plupart du temps, de te laisser une belle bouse bien dégueulasse que tous les moteurs vont ramasser.
— Eh oui, mais c’est parce que t’es empêtré dans le piège de ta prétendue honnêteté intellectuelle… Respect de la parole de l’autre, et c’est pour ça que les bouses arrivent, comme tu dis… t’as vu, dans les autres blogs, ils effacent tous les commentaires qui leur déplaisent, ça les empêche pas de dormir… Mais bon, passons. D’ailleurs, c’est une minorité.
— Oui, justement. Les autres, dans leur immense majorité, se désintéressent complètement du débat pour lui-même, je veux dire dans un lieu qui n’est pas tenu par une personnalité médiatique. Tu penses ! Pour eux, c’est beaucoup mieux d’aller commenter dans des blogs de journalistes et d’écrivains patentés ! Ça aide à leur image et à leur visibilité, ça leur donne l’impression d’appartenir à une famille. T’as qu’à voir le succès des « amis » sur Facebook, et comment ça contribue aux carrières, ou en tout cas c’est ce qu’on fait mine de croire en ce moment. On verra si ça dure.
— Dis donc, t’es remonté, ce soir ! Un peu amer, on dirait, non ? P’t-être parce que t’as pas percé comme d’autres, finalement… Et tu l’as mauvaise, quand même, de voir des blogs qui te paraissent merdiques avoir de l’audience — même dans le « domaine littéraire ». Ou en tout cas, qui le prétendent… Et pis, ton ranking Wikio se casse la gueule, j’ai vu… T’as pas la cote, Coco, et t’en veux à la Terre entière ! C’est ça, hein ? D’ailleurs, tu y es aussi, sur Facebook ! Et t’y vas aussi de tes petits commentaires à la noix. Quand tu laisses un truc mi-figue mi-raisin à David Abiker, t’es content d’être lu par deux mille personnes ! C’est quand même une autre chambre d’écho que ton pauv’ JLR…
— Oh la ! Oh ! Tu t’calmes, s’te plaît. OK je suis sur Facebook et j’essaie de voir comment ça communique. Ça permet quand même de ramasser pas mal d’infos littéraires. Et puis, si je dis ce que je pense à Abiker, c’est parce qu’il s’est inscrit et exposé de cette façon. Ça veut dire aussi que j’ai une certaine appréciation de ce qu’il fait ou faisait. Je ne suis ni ami ni commentateur de tout un tas de journalistes sur Facebook. Par ailleurs, j’ai beau avoir un poil dans la main, j’essaie quand même de m’impliquer, de suivre, et notamment de faire que ça serve à Hubert de Phalèse.
— Ouais, ça, c’est pour ta bonne conscience…
— Ouais, pour toi, quoi… Tu pourrais me remercier de justifier ton existence !
— À peine. D’ailleurs, mine de rien, t’as quand même pondu quelque chose. Et tu crois que quelqu’un va lire ton pseudo-dialogue jusque là ?
— Si tu savais ce que je m’en tape !… Allez, je te laisse, j’ai une soupe à faire. Céleri, carotte, pomme de terre… Y’a des trucs à éplucher. Ça te dit ? T. va bientôt rentrer de son rendez-vous chez un éditeur…
— Euh… Attends, j’ai des trucs à lire sur Netvibes. J’suis pas à jour…
— Feignasse…
Tags : Abiker David, Phalèse Hubert de
Publié dans le JLR
mon dialogue interne était moins structuré, mais comme à ma petite échelle, il était, il est proche !
« Et tu crois que quelqu’un va lire ton pseudo-dialogue jusque là ? »
Oui, moi.
pardon, je réalise, éveillée, pour la qualité de l’échange ma petite comparaison est grotesque – n’empêche que je le trouve savoureux le pseudo dialogue
Non, rien de grotesque, Brigetoun. Je crois que le pseudo-dialogue a lieu de la sorte chez bien des gens. Et puis ce que vous écrivez est toujours personnel, ne se prétend pas d’une spécialité ou d’une catégorie, et c’est je crois ce que nous sommes nombreux à apprécier.
D’ailleurs, si vous vous diminuez, ça risque de me grandir, c’est gênant…
P., je te trouve bien modeste, ce qui me touche. Ce fameux respect de la parole de l’autre par exemple, c’est ta qualité fondamentale, ce que j’aime chez toi, cette tolérance naturelle qui va bien aussi avec l’indépendance de tes opinions.
Je pense que toutes les personnes qui écrivent comme cela tous les jours, tentant toutes sortes de choses ont des passages obligés à se demander à quoi bon, ou encore à travailler sur la notion de cette contrainte, ce qu’elle induit, ce qu’elle favorise ou ce qu’elle tarit, et quand c’est à ton tour de jouer cette carte, je te retrouve, comme toujours, sincère et modeste.
Du nerf moussaillon.
Amicalement
Phil
est-ce qu’une des pistes à suivre ne serait pas dans une meilleure intégration du JLR et d’Hubert, qui n’émane que de toi ?
et tjs même pb : en quoi le nombre de commentaires serait significatif ? – je manque rarement un JLR, et pourtant tu parles de trucs, émissions télé ou radio, ou films, qui ne font pas partie de mon univers…
Il y a des lectures silencieuses.
même en vacances je te lis !…
et je me pose souvent les mêmes questions
la question que tu poses c’est ce qui évolue dans les espaces « commentaires » avec d’une part profusion élargie de ce que nous lisons via flux rss, et les outils de bla-bla qui sont comme la machine à café du couloir, face book et twitter – les débats se font plus de blog à blog ? – il doit y avoir aussi des possibilités d’importer dans nos blogs des pratiques collaboratives, par exemple sur TL depuis que possibilité d’insérer photos dans l’espace commentaires on s’en sert autrement
Bises
Merci à vous sept.
Sept comme les sept doigts de la main.
Sept comme les sept jours de la semaine.
Sept comme les sept nains de Blanche-Neige.
Sept comme les sept plus brillantes étoiles de la Grande Ourse…
Le corps, le temps, le récit, l’espace : vous êtes tout mon univers.
Oui, il y a des lectures silencieuses. Des lectures irrégulières, mais constantes. Et c’est pas parce que T va chez un éditeur qu’il faut se contenter de préparer le dîner. On compte sur toi!
et pourtant, souvent, me faut attendre pour découvrir ce qui se cache derrière le titre, avec mon clou – et oui il y a des lectures silencieuses, où l’on se contente d’engranger sans avoir quoi que ce soit à dire (et je passe outre trop souvent).
Grand merci pour votre gentille indulgence
Je me pose les même questions… mais il faut être inébranlable et affronter le silence, et ses infinies significations, pas forcément démoralisantes. Le mien ici, par exemple : pourtant, je vous lis tous les jours.
Ça ne va plus, ma preuve par sept. On passe à neuf !
(Les neuf jours de la semaine, y’en a qui vont tiquer, quand même…)
Mais vous êtes combien, là dedans ? Faut que je fasse sauter le capot pour vous voir…
Je te lis tous les jours aussi, mais trop occupé pour dire quoi que ce soit d’intéressant. Et de 10.
En lecteur silencieux, je m’ajoute en onzième à cette équipe de gagnants. Bonne continuation
ps : une douzième ici
Moi aussi. Nous voici à douze.
on serait au moins 807 que ça ne m’étonnerait pas
On ne va pas tous tenir dans une voiture…
Encore un petit effort et nous pourrons monter une équipe de rugby.
Amicalement
Phil
14! Ca n’est jamais que 2×7.
» Ici Londres, ton ranking Wikio se casse la gueule. Je répète : ton ranking Wikio se casse la gueule. »
Pendant ce temps, sur les plages normandes (et nippones)…
Si vous êtes plus de quinze, je peux jouer le soigneur sur la touche.