Manger un sandwich ou vandaliser les stèles
À grand soleil, grande promenade. D’abord au cimetière d’Aoyama, pour le nettoyage de la concession familiale. Quand T. est partie acheter des fleurs et que je suis assis dans la petite enceinte de granit à ramasser quelques brindilles envoyées par le pin de son arrière-grand-père, je vois bien que de leurs voitures immobilisées par l’affluence dans les parkings les conducteurs japonais se demandent ce qu’un étranger fait là. Là !
Leur surprise n’est pas hostile, comme elle le serait s’ils me voyaient manger un sandwich ou vandaliser les stèles, mais c’est une incompréhension véritable qui va, selon les voitures qui s’écoulent une à une, de l’hébétude à l’amusement. Quand T. revient, me parle et reprend son nettoyage du marbre, j’en vois qui sont comme soulagés que l’honorable étranger soit en fait encadré et pris en main. Ouf ! Il ne peut rien se passer qui oblige à s’improviser une attitude, on revient dans l’ensemble des choses codées.
Excellent restaurant italien, Il Desiderio, à Aoyama. Pendant notre menu Piacere, T. dit que la sauce des pâtes arrive au niveau de la mienne…
Suite, toujours à pied jusqu’à Harajuku presque puis retour à Aoyama-itchome.
Pause-thé au café F.O.B. en face du soleil couchant. Je me rappelle que j’ai un appareil-photo. T. en profite.
David au téléphone. Il commence à s’inquiéter fortement et à raison pour le retour du groupe d’étudiants au Japon le 19, jour d’un mouvement social qui s’annonce plutôt musclé. Si je ne peux pas regretter qu’il y ait grève, voire grève dure, pour la France, je partage l’inquiétude de mon collègue et lui envoie ensuite par courriel quelques idées dont celles de garder l’autocar 24 heures de plus, de faire préparer des sandwiches aux familles d’accueil avant le départ, d’avoir des gants et des hokarons.
Moi qui disais vendredi que Patrick Deville était plutôt rare dans les médias, voilà-t-il pas que je le retrouve dans Thalassa sur TV5 Monde (c’est l’émission du 27 février qui passait ce soir), à Saint-Nazaire évidemment, sur les quais et dans son bureau de la MEET.
Ce genre de grands voyageurs me fait immanquablement penser à Bashung…
Parcours sans faute
sortie de route parfaite
— Certes déchirant
mais tellement plus élégant
qu’un croulant de 85 ans
s’essayant encore au vertige
de l’amour… Non ?
Tags : Bashung Alain, Deville Patrick
Publié dans le JLR
Photo: la ressemblance avec quelqu’un que je rencontre chaque matin et soir dans le miroir de la salle de bain est troublante.
Equatoria: décidément très bon.
Quelques réflexions en vrac, ce matin :
Oui, Bashung est mort et je me suis dit en apprenant la nouvelle (attendue ma foi, mais quand même..) que Johnny Hallyday est toujours vivant. Le monde est mal fichu.
Pour la sauce des pâtes, je constate que T. sait employer les mots qu’il faut, comme Gabin qui disait à Morgan : « t’as d’beaux yeux, tu sais » elle a pu dire « J’aime ta sauce des pâtes » Magnifique !
J’ai commencé le Equatoria (interrompu pour cause d’écrivain mexicain de passage et donc le livre de ce dernier à lire pour ne pas avoir l’air trop bête), et il m’intéresse beaucoup. Ces personnages qui s’entrecroisent autour de Brazza de façon intemporelle rend ce roman passionnant, même si je dois l’avouer a priori, le sujet n’avais rien pour me passionner.
il y a tout le billet, qu’est bien – mais je reste fixée sur le titre (la science qu’en a le maître des lieux !) et assise contre ou sur une stèle je regarde le sandwich d’un oeil torve en caressant l’idée de détruire une stèle (une autre, celle-ci est confortable)