Pas passé fort dans la syntaxe…

jeudi 12 mars 2009, à 23:59 par Berlol – Enregistrer & partager

Un jour… Oui, un jour, je réussirai à me débarrasser de la corvée des impôts. Mais pas cette année… En plus, T. m’a préparé un paquet de factures médicales à faire déduire et m’a demandé d’essayer d’avoir un autre abattement pour le transport. Bon, c’est raisonnable. Un collègue m’accompagne — et m’emmène en voiture. Ça nous permet de parler boutique dans la queue, et comme ce sont les derniers jours de la saison fiscale, il y a foule. Et finalement, beaucoup moins d’ordinateurs que l’an dernier. Quand on était venu, avec David, on avait pensé que le virage était pris, que l’e-taxation était généralisée. Il semblerait que ça n’ait pas été si performant que ça et l’organisation du hall a repris la forme d’avant, avec juste un coin d’ordinateurs. En revanche, il est possible qu’à l’instar de mon collègue, un plus grand nombre de gens aient tout fait de chez eux en ligne.

On revient quand même à la fac à une heure décente pour déjeuner à quatre, de pâtes, avec mon collègue et Andreas, en accueillant notre future collègue à temps partiel qui n’est autre que… Sophie, transfuge d’une université concurrente. Ayant aussi préparé mon paquet, je passe à la poste pour renvoi du modem Yahoo BB — Ça y est ! Et puis je pars…

« Cela dure longtemps, et nous tombons à travers le ciel déchiré, à travers la terre ouverte. J’entends la mer comme jamais je ne l’ai entendue jusqu’alors. Elle a franchi les barrières de corail et elle remonte l’estuaire des rivières, poussant devant elle les torrents qui débordent. J’entends la mer dans le vent, je ne peux plus bouger : tout est fini pour nous. Laure, elle, se bouche les oreilles avec ses mains, appuyée contre Mam, sans parler. Mam fixe de ses yeux agrandis l’espace sombre de la fenêtre, comme pour maintenir au loin la fureur des éléments. Notre pauvre maison est secouée de fond en comble. Une partie du toit a été arrachée sur la façade sud. Les trombes d’eau et le vent saccagent les pièces éventrées. La cloison de bois du bureau craque, elle aussi. Tout à l’heure, par le trou fait par l’arbre, j’ai vu la cabane de capt’n Cook s’envoler en l’air, comme un jouet. J’ai vu aussi la grande haie de bambous se plier jusqu’au sol comme si une main invisible appuyait sur elle. J’entends au loin le vent qui cogne contre le rempart des montagnes, avec un grondement de tonnerre, qui se joint au bruit de la mer déchaînée qui remonte les fleuves.» (J.-M. G. Le Clézio, Le Chercheur d’or, p. 86-87 — enfin, quelques pages intenses quand le cyclone passe, même s’il n’est hélas pas passé fort dans la syntaxe…)

Retour à Tokyo, pour deux semaines. Il fallait que je prenne des livres, notamment pour préparer les cours… Tant d’affaires et de documents déplacés ces derniers jours, d’un sac à un autre, d’une table à un fauteuil à un tiroir que, dans le shinkansen, ayant délaissé Le Clézio pour la fraîcheur du Matricule des anges n° 100, emprunté à l’Institut lundi, le doute s’immisce doucement… Je subodore un oubli majeur, je vérifie et… pas de doute : j’ai oublié ma carte de sécurité sociale. Toujours avec moi d’habitude, qui n’a pas servi depuis des mois, et dont j’aurais justement eu besoin dans quelques jours pour une nouvelle coloscopie… Acte manqué. Poil au nez — on va bien trouver une solution…

« C’est un besoin que j’ai de triturer, d’autant plus qu’en tant que lectrice, le roman traditionnel m’ennuie. Je n’ai pas de satisfaction à construire une fiction classique comme je n’en ai pas à en lire.
Mon idée, c’est d’avoir comme un laboratoire de sorcières, avec plein d’ingrédients, plein d’éléments et d’essayer de faire une petite soupe bizarre avec.» (Chloé Delaume, sous l’œil du chat Temesta, répond aux questions de Thierry Guichard dans « Laboratoire de génétique textuelle », Le Matricule des anges, n°100, p. 22 — dommage que TG ne soit pas plus à son blog…)

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Publié dans le JLR

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