Ombres menaçantes et silencieuses
Toujours pas le temps…
Nouvelle matinée, après-midi et soirée de tri et d’emballage. L’appartement prend l’apparence d’un entrepot entre les blocs de paquets entre lesquels je navigue.
Vers 10 heures, un sous-traitant de l’entreprise de déménagement vient pour démonter les climatiseurs — opération délicate durant laquelle il doit repousser les gaz dans le compresseur externe pour libérer l’appareil intérieur. Mais voilà que le second climatiseur brille d’un insolent voyant orange, qui n’est rien d’autre qu’une erreur, ou panne. Ça ne peut plus chauffer, dit l’ouvrier. Comme j’avais le dos tourné, je me demande s’il n’aurait pas un quelconque intérêt à mettre la machine en rideau… Mais d’un autre côté, il faut appeler le fabricant pour réparer, je ne vois pas où serait son intérêt… Et quand même, je l’ai mis en marche encore la semaine dernière…
Déjeuner avec un collègue au Downey, bien calme quand David n’est pas avec nous.
Vers 18 heures, alors que je suis de passage au bureau depuis deux heures et que j’allais me diriger vers l’agence immobilière d’Irinaka, celle où j’ai signé le contrat la semaine dernière, pour aller chercher mes nouvelles clefs, monsieur S. m’appelle pour me proposer de passer me les déposer. Dans mon bureau, je lui explique l’incident du matin. Et ça ne lui plaît pas du tout. Il téléphone successivement à cinq ou six interlocuteurs (déménageur, sous traitant, fabricant, etc.), hausse le ton une ou deux fois pour faire avancer les choses (parce que l’entreprise de déménagement n’avait pas encore appelé le fabricant…). Il faut dire qu’il se sent un peu responsable, monsieur S., après tout c’est lui qui m’a présenté cette offre de location… Et comme je suis étranger et qu’il m’a à la bonne, il me materne un peu. C’est bien la première fois depuis toutes ces années au Japon que je vois quelqu’un se mettre en quatre comme ça (pour moi).
Vers 20 heures, je sors mes encombrants dûment estampillés et les déplace un par un sur le terrain vague qui se trouve à mi-hauteur entre la rue et le bâtiment, ainsi qu’il a été convenu.
Vers 21 heures, je débranche le réfrigérateur et transfère ce qu’il contient encore dans une glacière (mais plus long qu’un simple copier-coller à la souris).
Vers 23 heures, je décroche le dernier rouleau de PQ pour le mettre dans un carton qui reste ouvert, quand même.
Vers 1 heure du matin, il n’y a plus qu’une paire de chaussures dans l’entrée.
Vers 2 heures, tous les meubles et cartons ont reçu des pastilles de couleur correspondant à une pièce du nouvel appartement, ainsi qu’un plan le stipule. Les déménageurs, munis de ce code couleur pourront déposer directement leurs faix dans la bonne pièce sans avoir tout le temps à m’appeler.
Vers 3 heures trente, je déconnecte l’ordinateur du réseau et emballe tout proprement (j’écris maintenant, le lendemain, du bureau).
De mon lit entouré de piles aux ombres menaçantes et silencieuses, je vois le chiffre 4 des heures au cadran du réveil avant de sombrer…
Publié dans le JLR
dans 20 m2 les piles me dominaient (et j’avais rempli les derniers montée sur une chaise) – frayeur irraisonnée – et cette même impression d’entre deux