La poubelle ou la route
Ce qui rend notre manip difficile, et plus encore pour T. que pour moi, c’est que nous essayons de mettre le contenu utile d’un appartement dans un autre appartement, dont la surface est d’un tiers réduite et doté de moins de placards. De mécanique en apparence, l’exercice devient ontologique lorsqu’il s’agit ni plus ni moins que de changer de mode de vie. Et ce, en extrayant une à une les choses nécessaires à une bonne vie de la masse de celles soudain jugées superflues par la nouvelle contrainte.
L’accumulation des choses dans le temps, chacune étant relativement petite, souvent issue d’un achat d’impulsion où le plaisir momentané a fait nécessité, rend en effet, à la longue, l’espace saturé et invivable. C’est une expérience banale mais l’on n’en prend conscience, soudain, qu’à l’occasion d’une impérative sélection — comme si l’on mettait des lunettes spéciales et que tout changeait de couleur valeur (et ça me fait penser à la scène burlesque de Cléo de 5 à 7). L’opération est facilitée, dans notre cas, par l’idée que certaines de ces choses ne vont pas disparaître. En effet, nous avons le choix : c’est la poubelle ou la route de Nagoya. Dans ce second cas, ça reste dans l’appartement en fin de bail mais il faut le mettre de côté et ne pas confondre avec ce qui n’a pas encore été traité par la question.
Pendant ce temps, les enregistrements continuent. Les corrections de copies aussi. Et puis T. a rendez-vous avec une personne de l’entreprise de numérisation des Mazarinades, qui nous apporte le dévédé avec, nommées et indexées selon nos ordres, toutes les photos des pages, une à une, de la collection de Tokyo. T. teste ça sur son portable, ça marche. On remercie poliment mais on s’extasiera un autre jour, pardon. D’ailleurs la personne a aussi à faire.
Pour ma part, c’est shinkansen. Je dors et j’avance dans le polar. Sans le citer beaucoup, vous aurez remarqué. Pas parce que c’est mauvais, ce qui n’est pas le cas, mais parce qu’il n’y a pas de saillies dans l’écriture ni dans les sujets abordés, pas de digressions anthropologiques ou politiques comme chez Fred Vargas ou chez Dominique Sylvain. Peut-être aussi parce qu’à la différence de ces deux-là, Hervé Claude a choisi un narrateur à la première personne, moins regardé par l’écriture que regardant son enquête brumeuse, et un narrateur suffisamment flegmatique, qui ne se fait pas d’illusion sur le pouvoir de ses commentaires concernant la marche du monde.
Arrivé, je photographie deux meubles de cuisine pour donner le choix à T. Ça ira aussi dans l’autre sens…
Au bureau, je continue les corrections. Puis je vais travailler au secrétariat avec David sur un document rassemblant les notes des différents enseignants, leur attribuant chacun une couleur, et mettant en rouge les cas litigieux. Du temps gagné pour la réunion de demain.
Quand j’ai l’occasion de la joindre, T. me répond par le nouveau combiné téléphonique (voir avant-hier). La livraison a été très rapide, mon erreur est réparée et tout est prêt pour l’installation dans le nouvel appartement le 8.
Côté serveur, les blogs de mes cours, des Mazarinades et de Mérimée sont revenus, mais pas le JLR… Le sort s’acharne. Y’aurait de la censure déguisée là-dessous, que ça ne m’étonnerait pas ! Encore un coup de IOA|AOI.
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Publié dans le JLR