Immobilière, la bavette
Une bonne partie de la matinée avec T. puis je vais prendre le shinkansen, dans lequel je me remets à écouter des émissions de radio, celles que j’ai enregistrées depuis trois semaines (notamment les propos sur Patrick Deville et sur Jean-Pierre Martinet dans Jeux d’épreuves du 3 janvier). Ça faisait plusieurs mois, sans que je sache pourquoi, que je ne mettais plus le casque sur mes oreilles, comme si j’avais eu besoin d’isolement, de silence, de concentration, que ce soit pour dormir ou laisser mes yeux vaguer sur la campagne japonaise. De même que j’avais aussi renoncé à prendre l’ordinateur portable pour travailler dans le train.
Il se peut donc qu’une nouvelle phase commence, toujours sans que je sache pourquoi. Je ne vois pas ce qu’il y a de nouveau ou de changé. Ou bien est-ce sans raison, juste une question de niveau atteint, d’inertie, d’étiage ? Le mascaret remonte ainsi le courant, jusqu’au moment où il s’épuise, et l’eau reprend son cours vers l’embouchure.
À la fac pour une réunion, puis recevoir officiellement les mémoires du séminaire de cinéma, tailler une bavette avec David et Andreas. Immobilière, la bavette, avec chacun ses critères ; étonnant de voir comme les priorités divergent. Mais au moment où je veux aller en maraude dans le quartier pour repérer les deux appartements à louer dont les descriptions m’intéressent, il fait déjà nuit et il pleut. On verra demain matin. Rentrer dîner sera plus sage.
J’avais inversé des dates, je vois le Ce soir ou Jamais du 15, assez captivant. Au vu des noms de certains des invités, cela tient de l’exploit (de Taddeï, en grande partie) : Frédéric Lefebvre et Charles Pasqua pour parler de la politique d’immigration du gouvernement, rien que ça, mais avec Yamina Benguigui, Fatou Diome et Emmanuel Todd pour leur répondre…
« Au reste, il arrive aux personnages d’ajouter des détails vrais à la réalité. […] Avez-vous vu le film Rashomon ? La réalité ne peut pas apparaître dans une histoire unique, mais dans une juxtaposition d’histoires incertaines.» (Alain Robbe-Grillet, « Alain Robbe-Grillet géomètre du temps », par Jacques Brenner, Arts, 20-26 mars 1953, repris dans Dossier de presse Les Gommes et Le Voyeur, 1953-1956 / textes réunis et présentés par Emmanuelle Lambert, co-édition de l’IMEC et 10/18, 2005, p. 49)
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Publié dans le JLR