Sortie de web dans les décors
Les temps changent. C'est ainsi que pourraient se résumer les transformations que subit l'Internet. Les contenus, étoffés, forment un réseau de données intelligibles, et non plus seulement un réseau de machines qui se disent bonjour. Outre les journaux, radios et chaînes de télé dont nous avons déjà beaucoup parlé, presque toutes les entreprises, petites ou grandes, toutes les administrations, universités, écoles, associations et familles politiques ont leur site web. Et l'on n'hésite plus à le dire dans les médias : on exhibe son adresse web sans complexe, souvent avec une adresse de courrier électronique. Débranché pour l'été, je suis allé voir ça de plus près.
Même constat publicitaire
dans un numéro du magazine "Le Point" (n°1404), avec ici un
article sur la dernière folie nord-américaine : le cybervesting,
l'investissement boursier des particuliers par le web. Quatre pages où
j'apprends que le site web du premier courtier new-yorkais à y avoir
cru, Charles Schwab, reçoit ces temps derniers 33 millions de visites...
par jour. Il paraît que le e-tsunami arrive en France et au
Japon, mais pour vous éviter de mouiller vos économies, l'auteur
de l'article n'a donné aucune adresse web, tandis qu'un encadré
de la même page est intitulé "le retard français".
CQFD.
Les
pubs cyber dans Le Point, n°2405 : www.infineon.com | www.tele2.fr
| www.pechiney.com | www.cplus.fr
Pendant les trois premières
années du web en France, si je puis dire (95-98), la pub était
plutôt discrète sur le sujet, sauf quand il s'agissait de
matériel informatique, et là, elle était plutôt
lourde... Les médias, webosceptiques,
voire webophobes, eux-mêmes,
plutôt webophobes au départ, ou tout au moins webosceptiques,
cherchaient leur voie dans ce domaine. Beaucoup la cherchent encore...
Temps béni pour les détracteurs : pas une semaine sans qu'un
pirate ne pénètre un réseau bancaire ou militaire,
pas un mois sans qu'une secte satanique ou apocalyptique, sans qu'une filière
pédophile ou zoophile ne soit dénoncée. L'hydre WWW
progressait et ses têtes immondes repoussaient partout où
de preux journalistes portaient le fer de leur éloquence. Qu'ils
continuent, car le cyber-crime progresse. Mais qu'ils cessent de passer
sous silence ce qui est intéressant, et qu'ils cessent de nous faire
croire qu'ils ne s'en servent pas.
La firme IBM fut parmi
les premiers annonceurs à tenter, à la télévision,
de banaliser l'idée d'un réseau de communication mondial,
avec une publicité dans laquelle un marin-pêcheur envisageait
de vendre sa pêche par Internet. Mais l'étonnement qui apparaissait
dans ce film montrait toute la distance entre la vague naissante et la
terre promise. L'année suivante, en 98, IBM revenait avec un spot
plus ciblé : une grand-mère en costume d'arrière-pays
(breton ou savoyard, peu importe) recevait la visite d'un couple de commerçants
américains et provoquait leur jalousie en disant qu'elle aussi vendait
dans l'Ohio. On ne savait pas ce qu'elle vendait, mais elle était
sur Internet. On passait donc de l'étonnement à la surprise
jalouse d'une cyber-mondanité.
Cette année,
on
elle en arrive enfin au coeur du problème
: la nécessité économique. Et pour cela, rien ne vaut
un conseil d'administration japonais, avec, autour d'une table, un PDG
autoritaire et une dizaine de cadres supérieurs. C'est en noir et
blanc, et en japonais, sous-titré français. Sans conteste,
la meilleure pub télé de l'année :
Un conseil d'administration au Japon.
Le PDG : – Inacceptable ! Trop cher pour
des soupapes !
L'employé quinquagénaire
: – Mais c'est notre seul fournisseur !
Le jeune quadra : – Il y aurait bien "Jacques
et Cie"...
Tous : – "Jacquenssie" ???
Le jeune quadra : – Il nous ont fait une
offre sur le web. Moitié prix.
Le PDG : – Où sont-ils ?
Le jeune quadra : – À Clermont-Ferrand.
Tous : – Clermont-Ferrand ?...
En France, un moustachu en salopette
badgée "Jacques & Cie", tape à l'ordinateur :
– Do-mo a-ri-ga-to !
IBM
France : www.ibm.fr
Entre des magazines
grand public qui gardent encore le web en quarantaine et des mensuels scientifiques
spécialisés qui ne parlent que matériel et programmation,
sans oublier la presse des jeux électroniques, j'attends un magazine
cyber-idéal qui aurait l'impertinence dandy des Inrockuptibles,
la précision d'un Télérama, l'esthétisme
d'un I-D et le verbe d'un Nouvel Observateur...
Le Web Magazine
est pour l'instant ce qui s'en approche le plus, même s'il a encore
du chemin à faire. Ce nouveau mensuel, né en mai 1999, souhaite
refléter la diversité du web et des transformations qu'il
entraîne. Il renvoie encore l'image de son propre démarrage,
à grand coup de bandeaux "Nouveau" et d'aguichantes pages sexy,
mais il a déjà l'éclectisme, le ton et la précision.
On y invite, par exemple dans le numéro d'août, les e-boursicoteurs
et les acheteurs de médicaments à la prudence, on analyse
le comportement des cyber-exhibitionnistes (webcamers), on détaille
la réussite du "Web Bar" de la rue de Picardie (à Paris)
et l'usage fin du moteur de recherche Alta Vista. Et bien d'autres choses.
Vous
m'en direz des nouvelles !
Tiens
! Ici aussi, on vous aide à refaire votre appartement ! Décidément,
c'est à la mode. Alors, pour entrer dans ce troisième millénaire,
vous voulez un style rétro ou un style techno ?
www.inrockuptibles.com | www.telerama.fr | www.nouvelobs.com | www.lewebmagazine.com
| Commission des Opérations en Bourse : www.cob.fr | Index de webcam
: www.camdepot.com | Le Web Bar : www.webbar.fr
Déco (suite et fin) : www.deco-on-line.com | www.conran.co.uk |
www.decomania.tm.fr