Lundi 26 août 1996

Lundi 26 août 1996

AU TRAVAIL !

Ah! Le deuxième jour! Dira-t-on jamais combien de contacts y eurent lieu! Et de combien de projets ils seront porteurs, dans 6 mois ou dans 10 ans.
Avant toute chose, je dois saluer le sérieux avec lequel les congressistes se sont mis à l’ouvrage – car des rassemblements de ce type se font parfois en dilettante. Dans son ensemble, la journée était consacrée aux politiques linguistiques et de nombreux intervenants ont dressé un tableau de la situation du français et de son enseignement dans leur pays ou sur leur continent. Depuis la table ronde plénière du matin qui a accueilli au moins 500 personnes, jusqu’aux 5 forums régionaux de l’après-midi où l’expression était plus informelle, en passant par les conférences de représentants d’institutions et d’associations, chacun put se composer un programme copieux. Ne pouvant être partout ni résumer ici chaque débat, je me contenterai de relever quelques phrases marquantes glanées à travers la journée (on devra attendre la publication ultérieure des Actes pour plus de détails). Ainsi M Miura, professeur bien connu du public japonais puisqu’il enseigne notamment à la télévision nationale NHK, nous rappelait que le français n’était au Japon ni une langue maternelle, ni une langue officielle ou véhiculaire, ni même une langue répandue comme c’est le cas en Egypte ou en Roumanie. Ajoutant avec humour que le Japon n’avait malheureusement jamais été colonisé par les français, il relevait que dans son pays le français devait d’abord son prestige et son implantation à un long héritage intellectuel et littéraire, malmené par l’anglais qui est depuis la fin de la guerre une langue de travail et d’échanges commerciaux.
Chez M Van Shaik, aux Pays-Bas, on critique également l’anglais qui uniformise (on dit là-bas qu’il cocacolise). Et d’ajouter que par contre, si le français n’est pas le plus parlé, c’est au moins la langue dont on parle le plus... Mme Draganova (Bulgarie) approfondissait la question en soulignant que l’insistance historique sur la perfection, l’excellence ou la beauté du français, avait occulté ce qui pourrait aujourd’hui lui être utile: son efficacité. M Obadia (Canada) proposait alors la création d’une Agence intergouvernementale consacrée à la promotion du Français Langue Etrangère, permettant notamment de médiatiser les contrastes culturels qui valorisent l’espace francophone international.
M Benayad (Maroc, en haut à gauche de la photo) insistait sur le fait qu’en plus de s’occuper de la langue française, on devait se préoccuper de ceux qui l’apprennent et des débouchés que cet apprentissage peut leur offrir. Pour le Brésil, M Chaves da Cunha (en haut à droite), estimait qu’il n’y avait pas à défendre le français CONTRE l’anglais ou l’espagnol, ce qui serait perdu d’avance, mais qu’il y avait lieu de changer l’image du français en accroissant la présence effective des pays francophones dans la vie et l’économie du pays. Ces propos sont extraits d’une table ronde à laquelle participait également M Meißner (Allemagne, en bas à gauche), modérée par M Pêcheur (France, en bas à droite).
En marge de ces travaux, j’ai remarqué qu’un nombre croissant de congressistes rendaient visite à l’espace polymédia, qui consultant des cédéroms, qui cherchant un document pédagogique sur Internet, les photos prises hier dans une première page web du Congrès, ou des renseignements sur la diffusion et les programmes de TV5. On peut voir ici Régine Thomas (Chargée de mission au Ministère des Affaires Etrangères, à gauche) et Marie-Christine de Navacelle (Directeur de l’Institut Franco-Japonais de Tokyo, à droite), deux des responsables de l’excellence de cet espace.
Si l’on a peu vu nos écrivains aujourd’hui (ce qui ne sera pas le cas demain puisqu’une table ronde les réunira tous, qu’on se le dise ! – bien sûr, on y reviendra demain), on apprendra au moins qu’ils ont déjeuné ensemble dans un restaurant français de Tokyo. Ne voulant pas troubler leur intimité, j’ai néanmoins glané quelques photos à l’apéritif (Tahar ben Jelloun et Henri Lopes, Raphaël Confiant et son épouse, Antonine Maillet et Michel Serres). On ne les voit pas parce que les photos n’étaient pas bonnes, mais il y avait aussi Ismaïl Kadaré, Andrei Makine et Yves Simon. Je me permets de souligner encore le caractère exceptionnel d’une telle réunion de représentants de la pensée et de la littérature francophones et de les remercier, au nom, je pense, de tous les congressistes, d’avoir accepté cette parenthèse nippone dans leur été de travail ou de vacances.
Enfin la journée s’est achevée par une réception à l’Ambassade de France. Les congressistes y ont été acheminés par autocar, puis salués par l’Ambassadeur, M Ouvrieux, avant de découvrir le superbe jardin où eut lieu un spectacle de tambours japonais – percussions et vibrations destinées sans doute à favoriser la digestion du copieux et non moins délicieux buffet... Alors ce soir, révision ou dodo?


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