Audrey Camus, « Sur le théâtre de la guerre post-exotique », p. 155-162 dans Écritures de la guerre aux XXe et XXIe siècles / sous la direction de Marie-Hélène Boblet et Bernard Alazet, Dijon : E.U.D., 2010, 194 p., coll. « Écritures ».
Résumé :
L’œuvre d’Antoine Volodine est l’œuvre de la guerre : le monde désolé qu’elle donne à voir, traversé de l’écho des déflagrations atomiques et hanté par la mémoire des camps, ne connaît plus que la guérilla et la lutte pour la survie, la « guerre de tous contre tous ». Mais cette guerre omniprésente est singulièrement difficile à cerner : quand l’univers volodinien confond rêve, souvenir et réalité, ses personnages parlent volontiers d’autre chose… Ce déportement, cette esquive dans la représentation tendent à déplacer l’antagonisme au cœur de l’écriture : une écriture en lutte avec le monde, celle d’un écrivain en lutte avec la langue et avec son lecteur, relayé par une pléthore de personnages schizophrènes pour incarner ce combat dérisoire et lui donner voix. Motif récurrent de l’œuvre qui multiplie et décline duos et adresses à l’absent, le face à face apparaît comme le lieu où se joue véritablement la représentation de la guerre volodinienne, en des termes dramaturgiques dont on montre qu’ils confèrent une performativité au roman et posent à nouveaux frais la question de l’engagement.