Dominique Soulès, Questions de langue(s) chez Antoine Volodine / thèse de doctorat de langue et littérature françaises sous la direction de Dominique Viart, soutenue le 17 décembre 2013 à l’université de Lille 3.
Jury composé de :
- Pierre Ouellet, Université du Québec à Montréal.
- Anne Roche, Université d’Aix-Marseille.
- Tiphaine Samoyault, Université de la Sorbonne Nouvelle – Paris 3.
- Dominique Viart, Université de Paris Ouest (Lille 3).
Résumé :
Étudier l’édifice post-exotique construit par Antoine Volodine en s’intéressant à la langue revient à l’envisager à la fois comme objet de représentation, comme « matériau » façonné par l’écrivain et comme outil d’une stratégie littéraire sans concession vis-à-vis du lecteur. Représentée dans de nombreuses séquences fictionnelles, la langue revient d’œuvre en œuvre et permet de révéler l’importance particulière de certaines d’entre elles ainsi que la cohérence interne de cet ensemble romanesque. Façonné sans relâche par Volodine, le français s’en trouve modifié car l’auteur y insère des néologismes et en perturbe les expressions a priori intangibles ; l’analyse de cette poétique fondée sur le mélange et la perturbation, soit l’hybridité, permet en outre de distinguer quelques pratiques linguistiques propres aux hétéronymes. Mais surtout, l’écrivain ouvre le français aux langues étrangères par un biais qui fait jouer la traduction d’une façon inédite et cette hospitalité linguistique, qui fait appel à la créolisation, conduit à reconsidérer la francophonie (dont elle se revendique). Utilisée pour dénoncer les mésusages linguistiques de discours historiquement identifiés, la langue volodinienne permet à l’écrivain de mettre en place des dispositifs linguistiques et littéraires qui exigent une participation active du lecteur, régulièrement invité à prendre part à la construction du sens.
Mots-clés : post-exotisme ; idiolecte ; hybridité ; créolisation ; dictatures linguistiques ; glottophagie ; stratégie littéraire.
Questions of language(s) in Antoine Volodine’s work
Abstract :
To study Antoine Volodine’s post-exotic fiction through the prism of language is to consider language as an object of representation, as “material” shaped by the writer, and as a tool in a literary strategy which makes no concessions to the reader. Language is represented in numerous fictional sequences, reappearing as a theme from one text to the next, thereby revealing both the importance of certain novels in his oeuvre as well as the internal coherency of his work. Volodine relentlessly remodels the French language, introducing neologisms and disrupting expressions that seem, a priori, intangible. Furthermore, the analysis of this poetics based on heterogeneity and disruption – or its hybridity – allows certain linguistic practices specific to heteronyms to be identified. Above all, Volodine opens French to foreign languages through an innovative use of translation. This linguistic hospitality, which draws on “creolisation”, calls for a reconsideration of the francophone literary field (which it claims to be part of). Volodine’s language is used to denounce the misuse of language in historically identified discourses, and it is the means by which the writer sets up linguistic and literary devices which demand the active participation of the reader, who is regularly invited to partake in the construction of meaning.
Keywords : post-exoticism ; idiolect ; hybridity ; creolisation ; linguistic dictatorships ; glottophagy ; literary strategy.