Jean-Baptiste Harang, « Entrée libre chez Volodine », Le Magazine littéraire, n° 469, 1er novembre 2007, p. ppp.
- début de l’article disponible sur le site du magazine.
Pour mémoire :
Les livres d’Antoine Volodine ont la réputation d’être difficiles. En réalité, la difficulté n’est pas d’y entrer, mais d’en sortir indemne. Les Songes de Mevlido est un thriller raconté avec un talent de conteur indéniable.
N’écoutez pas les exégètes, les admirateurs patentés, les malins qui comprennent ce que Volodine a voulu dire et qui vont vous l’expliquer, ces bonnes âmes qui, au prétexte de vous aider à aborder son univers, vous intimident, et comptent sur votre modestie pour vous en écarter et rester entre soi. Lisez-le d’emblée, en toute confiance, en toute humanité, toute personne douée de lecture et navrée d’être mortelle a un frère aîné, une petite soeur ou une tombe dans les livres d’Antoine Volodine. Vérifiez tout de même qu’il s’agit bien d’un Volodine. Première phrase : « Mevlido leva la brique une deuxième fois, et Berberoïan, qui détestait qu’un inférieur lui cogne sur la tête, se hâta de reprendre son autocritique. » Pas de doute, c’est du Volodine. Entrez. Antoine Volodine n’est pas un écrivain commode, mais il est facile, je veux dire évident, à lire. Il raconte des histoires auxquelles il croit, auxquelles il nous fait croire avec un talent de conteur et une force de persuasion irréfragables, fluides, drôles, poétiques. Il suffit d’ailleurs pour y croire de savoir que la mort n’est pas la fin de la vie, ni la naissance son premier commencement, que la course du temps n’est pas inéluctable, qu’on peut l’alentir voire le rebrousser, que la vie sépare ceux qui s’aiment, brutalement, que le mal et le pouvoir ne sont que des inventions des… [à suivre]