Frédérik Detue, « Des langues chez Volodine : un drame de la survie », Littérature, septembre 2008, 3, n° 151, p. 75-89.
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Résumés :
Suivant la fiction qu’il construit, Antoine Volodine traduit les œuvres « post-exotiques » de ses personnages. Derniers survivants de la culture révolutionnaire, relégués dans un monde concentrationnaire, ces personnages produisent une littérature dans la langue de la révolution, comme pour résister à l’anéantissement ; hors du monde concentrationnaire, leur camarade Volodine recueille les œuvres qui lui parviennent et les fait paraître en français. Il s’agit de considérer comment ce dispositif conditionne le lecteur à recevoir la fiction comme une œuvre de témoignage. D’un côté, la langue de la révolution reste une arme de combat (une contre-langue), et en minorant le français, Volodine en témoigne. D’un autre côté, cette langue subit les effets de l’entropie, du fait qu’elle est une langue quasi-morte, que ses locuteurs perdent la faculté de parler ; et cela aussi, la langue de traduction de Volodine doit l’inscrire. Expérience de mort et de régénération, la littérature post-exotique est comme une bouteille à la mer ; survivance de l’original, la traduction offre une culture en héritage.
Volodine constructs a fiction wherein he is translating the “post-exotic” works of characters who, last remnants of a revolutionary culture, are relegated to a world of concentration camps, where they write in the language of revolution, as though to resist annihilation; outside, Volodine gathers their works and translates them into French. How does this device lead the reader to understand this fiction as witness literature?