« On ne montre plus les tableaux. »
Telle est l’inscription fatale, inscrite à
la craie sur la porte de l’atelier de M. Ingres.
Hélas ! hélas ! hélas
! on ne verra donc plus le portrait de Mme de Rothschild ! ce portrait
dont la robe de soie ne serait pas reniée par l'agréable
et doux pinceau de M. Schlesinger.
« On ne montre plus les tableaux. »
Eh quoi ! cette Vénus sortant de l'onde
ne sera plus admirée que par le crayon inquiet d'un graveur au trait.
En tout cas, petits tableaux commencés,
recommencés, esquissés, refaits de mille sortes, avec un
personnage de plus, un personnage de moins aimables changements qui prouvent
la fécondité de M. Ingres, les yeux amis, les regards adulateurs
ne pourront plus les dévorer.
J'ai vu le dernier jour de cette exposition-chapelle
et je ne l'oublierai guère plus que si j'entendais les trompettes
du jugement dernier.
Dire que c'est de ce logement enfumé,
triste, terne et gris, qu'est sortie la réputation européenne
de M. Ingres, les admirateurs du contour pur ne le croiront pas.
Ce qu'il faut voir, chose bizarre, ce sont
les dieux lares de plâtre qui encombrent la maison. Faunes, Hercule,
Bacchus, Apollon, Jupiter, ils protègent de leur souvenir mythologique
la gloire non moins fabuleuse de l'adorateur de la ligne.
La ligne !!! on ne se doute pas quelle patience
de teneur de livres, quel soin de metteur en page il faut pour arriver
à un résultat aussi pleutre.
Voici un des procédés employés
par M. Ingres pour pêcher à la ligne : il prend un modèle
vivant et le couvre de dix voiles d'une fine gaze. Le contour du modèle
apparaît très flatteur ; le peintre dessine ce contour. Il
enlève un voile : le contour est déjà moins indécis
; M. Ingres revient sur son dessin faiblement indiqué. Et ainsi
de suite jusqu'à la chute du dernier voile qui laisse voir le modèle
dans toute sa crudité de lignes.
Ainsi M. Ingres enlève tour à
tour les dix gazes et recommence dix dessins procédé de sauvage
! La sculpture coloriée, la sculpture habillée, les figures
de cire seulement peuvent lutter de barbarie avec cet art méthodique,
cruel, barbare.
Le portrait de Mme de Rothschild rappelle
par plusieurs côtés cette exactitude froidement féroce
; il y a sur sa toque en velours une petite broche qui sert à accrocher
une plume. Cette broche n'est rien. Elle est tout dans le portrait de M.
Ingres.
Je n'ai vu que la broche.
Elle est étudiée avec un soin,
avec une complaisance inouïe ; elle semble avoir été
vue par la loupe fichée à l'oeil d'un horloger. Rien ne manque
à la petite broche ; mille pierres grosses comme là tête
d'une épingle scintillent comme des lézards au soleil, comme
le point lumineux d'une bombe de savetier.
Les maîtres primitifs, les Flamands,
chérissent le détail autant que M. de Balzac ; mais quand
vous voudrez vous amuser à peindre un bijou, une bague, un ostensoir
gothique, toujours faut-il que l'objet aimé soit au premier plan
et non pas perdu dans des profondeurs où l'oeil ne saurait l'atteindre.
Toute la peinture de M. Ingres est là
: l'exacte imitation du détail mal placé.
Je reviens à ces moeurs inexplicables
: les dieux de plâtre protecteurs de l'atelier. Quoique dieux de
plâtre, M. Ingres les chérit comme des diamants. Il ne veut
pas que la poussière ternisse la blanche couleur de ses antiques.
Aussi les a t-il protégés chacun d'un petit toit en papier
: ce papier est un journal, ce journal est le Journal des Débats
; chaque journal contient un feuilleton, chaque feuilleton est de M. Delécluse.
J'ai remarqué des débris informes, des morceaux de plâtre
fruste qu'on jetterait d'un sixième étage sans crainte de
les voir changer de forme ; ces espèces de pavés antiques
sont également protégés par une gazette, pourquoi
?
Toute l'oeuvre de M. Ingres, toute sa vie,
se résument dans un simple fait :
Les marchands de papier vendent aux dessinateurs
un certain papier qui s'appelle, depuis de longues années, papier
Ingres...
Ce papier est GRIS !
... Il était réservé au
Paris d'il y a vingt-cinq ans de se prononcer sur l'oeuvre d'un mettre
capricieux [...] que les artistes adoptèrent pour ainsi dire. Vers
1855, quelques peintres et poètes, toujours en quête de nouveautés,
firent la fortune d'un magasin aussi
bien fourni en étoffes et en bronzes japonais qu'en albums et en
feuilles volantes aux colorations pleines de saveur. Il existera toujours
dans le monde parisien un petit groupe de chercheurs d'imprévu,
doués d'une vue qui pénètre plus loin que la vue de
la foule... De ce petit groupe s'échappa le rayonnement d'Hokou-Saï,
un véritable artiste ; d'autres, plus réservés,
sourirent un peu en voyant l'admiration pour des cahiers de croquis auxquels,
disaient-ils, à Tokio on n'attachait peut-être qu'une médiocre
valeur... La série des divers albums d'Hokou-Saï dont personne
alors ne pouvait traduire les titres non plus que les courtes et rares
légendes, fut à cette époque étudiée
par un esprit curieux des secrets de tous les arts, mon ami Frédéric
Villot, qui dépensait sa fortune en études de toute nature,
et jeune encore je fus initié à la campagne qui se préparait
par la communication de romans japonais qu'un dilettante faisait traduire
pour sa propre jouissance.
Ce sont ces coteries du Paris intellectuel qu'il
faut connaître pour se tenir au courant des recherches ; là
je puisai les premiers renseignements qui, répondant bien à
mes goûts, me permirent de donner dès 1869, sur l'oeuvre d'Hokou-Saï,
quelques notes dont on me permettra de transcrire un extrait, car, quoique
datés de près de vingt ans, mes sentiments ne se sont guère
modifiés depuis lors.
« La plupart des vignettes japonaises
reproduites dans ce volume, disais-je, sont tirées des cahiers de
croquis d'un dessinateur merveilleux qui mourut, il y a environ cinquante
ans, au Japon, laissant une grande quantité d'albums dont la principale
série composée de quatorze cahiers, excita lors de son introduction
à Paris, une noble émulation parmi les artistes. « Ce
peintre appelé Fo-Kou-Saï, et qui est plus populaire sous le
nom de Hokou-Saï, a plus fait pour nous rendre facile la connaissance
du Japon que les voyageurs et les professeurs de japonais qui ne savent
par le japonais [... ]
L'époque actuelle compte un certain nombre
de très brillants écrivains
qui veulent être admirés pour le précieux de leurs
écrits. Ils se proclament volontiers des initiateurs en toutes choses
et font savoir au public qu'ils ont découvert le Japon ; oui,
eux tout seuls vraiment, à les en croire, ont enfoncé les
portes de cet empire fermé jusque-là. J'ai montré
qu'à M. Frédéric Villot et à quelques-uns de
ses amis était due la popularité des peintres japonais. Depuis,
il ne me coûte en rien de le reconnaître, on est entré
plus avant dans l'ordre des connaissances japonaises et, pour ce qui touche
plus particulièrement Hokou-Saï, on le doit en partie à
M. Th. Duret, compagnon de voyage de M. Cernuschi [... ]
À quoi bon aller au japon pour en rapporter
des déconvenues d'idéal, comme il arrive souvent aux gens
de trop d'imagination ? Ces croquis précis passent de l'hiver
à l'été, des grands tapis de verdure aux neiges épaisses ;
ils transportent le curieux au pied des plus hautes montagnes dans les
ports de mer, au bord des flots agités, sous des nuages menaçants
qui font trembler pour le retour des barques de pêcheurs à
l'horizon. Les croyances religieuses, les superstitions du peuple japonais,
y sont figurées par d'imprévues représentations de
divinités bouddhiques singulières ; plus fantastiques
encore, ces guerriers, ces monstres légendaires, ces princesses
persécutées qui semblent appartenir au domaine de noirs mélodrames
[... ]
Veut-on voir le peuple de la ville à ses
plaisirs, les populations rurales à leurs travaux ? C'est dans
les croquis du peintre qu'on les surprend dans la variété
de leur condition [...] Hokousai mourut à Tokio en 1849, âgé
de quatre-vingt-neuf ans.
Il avait été dans le long parcours
de sa vie le contemporain de Goya, de Rowlandson, de Daumier. Ces trois
noms coulent de ma plume, amenés par de secrètes analogies
avec les puissants satiriques que le Japonais ne connut certainement pas.
Mais de certains courants existent dans une même époque qui
relient les nations et les hommes. Le Japon n'est pas entré tout
à coup au demi-siècle dans les voies de la civilisation européenne
sans avoir écouté antérieurement de multiples appels
de lumières et de progrès.
La dernière [originalité] qui doit être signalée est l'ouverture de l'atelier japonais d'un jeune peintre assez richement doté par la fortune pour s'offrir un petit hôtel dans les Champs-Elysées.
Il faut dire un mot d'abord de l'intervention
japonaise en art et comment ces produits d'une civilisation singulière
pénétrèrent dans Paris.
Tout le monde ne peut connaître l'influence
de Madame D... dite la Japonaise.
Il y a une dizaine d'années fut ouverte
dans les environs des Tuileries une petite boutique mais voyante pour les
colorations bizarres de l'étalage.
Un poète
qui par-dessus tout, avait l'amour des vives colorations, s'arrêta
longuement devant la montre, jeta un coup d'oeil curieux dans la boutique,
y remarqua une beauté que la solitude ne paraissait pas distraire
énormément. Ce poète bizarre, l'homme du monde, avait
l'art de se créer tout d'abord des sympathies dans les endroits
où il posait le pied. Il entra, feuilleta les albums japonais, s'assit,
entama une conversation avec la marchande ennuyée, s'éventa
avec les éventails, fuma une cigarette d'horrible tabac japonais,
et s'en revint en chantant le Japon sur tous les tons.
Ce poète capricieux inventa chaque année
quelques bizarrerie pour s'en amuser pendant quelques mois ; mais
alors son enthousiasme prenait le caractère d'une obsession, et
tout le temps que durait sa manie, il l'imposait à ses amis. Il
devint ainsi la trompette de la marchande d'objets japonais ; ce fut
tant que l'ennui de la dame disparut, les amis du poète ne quittant
plus la petite boutique et sortant rarement de l'endroit sans en emporter
quelque curiosité.
Les après-midi s'écoulèrent
en dissertations sur l'art japonais, auxquelles se mêlèrent
quelques compliments pour la dame. Parmi les initiés un jeune peintre
américain se faisait surtout remarquer pour ses dépenses ;
il n'était pas de jour qu'il ne s'offrit quelque laque, quelque
bronze, quelque riche robe japonaise.
L'Américain avait son atelier à Londres,
on le voyait chez "la japonaise" aussi souvent que s'il eût
demeuré à Neuilly ; meubles et cabinets, il les expédiait
en Angleterre avec la même facilité que s'il les eût
confiés aux crochets d'un commissionnaire du coin de la rue.
Les prêches du poète, les achats du
peintre furent résumés en des peintures franco-américaines
si bizarres qu'elles troublèrent les yeux des gens assez naïfs
pour rechercher les fonctions de jurés aux expositions de peinture :
comme ces colorations étaient distinguées et nouvelles, on
leur ferma les portes au nez. Peut-être quelques-uns les ont-ils
remarquées dans les salles des Refusés. Le résultat
fut celui-ci : le Japon contesté fit école.
De même qu'il y a eu en 1820 des avalanches
de pifferaro en peinture, des déluges de Grecs et de Turcs
en 1828, des Bretons en assez grande quantité vers 1840 pour peupler
la Bretagne, des joueurs d'échecs si nombreux, de 1840 à
1850, qu'ils pouvaient lutter avec les bataillons de zouaves qui firent
irruption aux Salons de la même époque ; aujourd'hui
nous sommes menacés d'une invasion japonaise en peinture.
L'imitation est un fauteuil commode.
L'atelier japonais des Champs-Élysées,
que les princes et princesses visitent à l'heure actuelle est "un
signe du temps" dirait Prudhomme.
Toutes sortes de jeunes dames seront attifées
de robes japonaises, comme cela s'est déjà vu à la
montre de l'honnête maison Giroux, qui ne croyait pas faire naître
un scandale sur le boulevard par cette exhibition.
Déjà même de prétendus
peintres de la vie élégante nous fatiguent de leurs cabinets
japonais, de leurs fleurs japonaises de leurs laques et de leurs bronzes
japonais qui prennent la place principale sur la toile et jouent un rôle
bien autrement considérable que les personnages.
En avons-nous déjà assez vu de ces
soubrettes élégantes qui, cachant un billet dans la main,
se préparent à entrer dans la pièce voisine où
de nombreuses précautions doivent être prises pour la remise
du billet doux... Ce petit drame amoureux m'intéresse. Il y a sans
doute un jaloux dans la chambre à côté. Le jaloux est
une mandragore japonaise en bronze qui fait vis-à-vis à des
fleurs japonaises. Il paraît que la mandragore ne doit point avoir
connaissance du billet.
Les amateurs trouvent ce drame ravissant, et l'achètent
quelques billets de mille au peintre de la vie élégante.
La vente est connue dans Paris. Cinquante peintres
suivront les traces de l'heureux initiateur qui a eu l'idée d'employer
des objets du Japon, comme dans les théâtres de province un
dialogue vif et animé remplace la musique.
À
l'heure qu'il est, madame, on voit à deux pas de l'Exposition de
peinture, dans l'avenue Montaigne, un écriteau portant en toutes
lettres : DU RÉALISME. G. Courbet. Exposition de quarante tableaux
de son oeuvre. C'est une exhibition à la manière
anglaise. Un peintre, dont le nom a fait explosion depuis la révolution
de février, a choisi, dans son oeuvre, les toiles les plus significatives,
et il a fait bâtir un atelier.
C'est une audace incroyable, c'est le renversement
de toutes institutions par la voie du jury, c'est l'appel direct au public,
c'est la liberté, disent les uns.
C'est un scandale, c'est l'anarchie, c'est l'art
trainé dans la boue, ce sont les tréteaux de la foire, disent
les autres.
J'avoue, madame, que je pense comme les premiers,
comme tous ceux qui réclament la liberté la plus complète
sous toutes ses manifestations. Les jurys, les académies, les concours
de toute espèce, ont démontré plus d'une fois leur
impuissance à créer des hommes et des oeuvres [... ]
Cette année, le jury s'est montré
avare de place à l'exposition universelle pour les jeunes peintres :
l'hospitalité était si grande vis-à-vis des hommes
acceptés de la France et des nations étrangères, que
la jeunesse en a un peu souffert. J'ai peu de temps pour courir les ateliers,
mais j'ai rencontré des toiles refusées qui, en d'autres
temps, auraient obtenu certainement de légitimes succès.
M. Courbet, fort de l'opinion publique qui, depuis cinq ou six ans,
joue autour de son nom, aura été blessé des refus
du jury, qui tombaient sur ses oeuvres les plus importantes, et il en a
appelé directement au public. Le raisonnement suivant s'est résumé
dans son cerveau : on m'appelle réaliste, je veux démontrer,
par une série de tableaux connus, comment je comprends le réalisme.
Non content de faire bâtir un atelier, d'y accrocher des toiles le
peintre a lancé un manifeste, et sur sa porte il a écrit :
Le réalisme.
Si je vous adresse cette lettre, madame, c'est
pour la vive curiosité pleine de bonne foi que vous avez montrée
pour une doctrine qui prend corps de jour en jour et qui a ses représentants
dans tous les arts. Un musicien allemand hyper-romantique, M. Wagner, dont
on ne connaît pas les oeuvres à Paris, a été
vivement maltraité, dans les gazettes musicales, par M. Fétis,
qui accuse le nouveau compositeur d'être entaché de réalisme.
Tous ceux qui apportent quelques aspirations nouvelles sont dits réalistes.
On verra certainement des médecins réalistes, des chimistes
réalistes, des manufacturiers réalistes, des historiens réalistes.
M. Courbet est un réaliste, je suis un réaliste : puisque
les critiques le disent, je les laisse dire. Mais, à ma grande honte,
j'avoue n'avoir jamais étudié le code qui contient les lois
à l'aide desquelles il est permis au premier venu de produire des
oeuvres réalistes.
Le nom me fait horreur par sa terminaison pédantesque ;
je crains les écoles comme le choléra, et ma plus grande
joie est de rencontrer des individualités nettement tranchées.
Voilà pourquoi M. Courbet est, à mes yeux, un homme nouveau.
Le peintre lui-même, dans son manifeste,
a dit quelques mots excellents : "Le titre de réaliste
m'a été imposé comme on a imposé aux
hommes de 1830 le titre de romantiques. Les titres, en aucun temps,
n'ont donné une idée juste des choses : s'il en était
autrement, les oeuvres seraient superflues." Mais vous savez mieux
que personne, madame, quelle singulière ville est Paris en fait
d'opinions et de discussions. Le pays le plus intelligent de l'Europe renferme
nécessairement le plus d'incapacités, de demi, de tiers et
de quart d'intelligence ; doit-on même profaner ce beau nom
pour en habiller ces pauvres bavards, ces niais raisonneurs, ces malheureux
vivant des gazettes, ces curieux qui se glissent partout, ces impertinents
qu'on tremble de voir parler, ces écrivassiers à tant la
ligne qui se sont jetés dans les lettres par misère ou par
paresse, enfin, cette tourbe de gens inutiles qui juge, raisonne, applaudit,
contredit, loue, flatte, critique sans conviction, qui n'est pas la foule
et qui se dit la foule.
Avec dix personnes intelligentes, on pourrait vider
à fond la question du réalisme ; avec cette plèbe
d'ignorants, de jaloux, d'impuissants, de critiques, il ne sort que des
mots. Je ne vous définirai pas, madame, le réalisme ;
je ne sais d'où il vient, où il va, ce qu'il est ; Homère
serait un réaliste, puisqu'il a observé et décrit
avec exactitude les moeurs de son époque.
Homère, on ne le sait pas assez, fut violemment
insulté comme un réaliste dangereux. "À la vérité,
dit Cicéron en parlant d'Homère, toutes ces choses
sont de pures inventions de ce poète, qui s'est plu à rabaisser
les dieux jusqu'à la condition des hommes ; il eût
été mieux d'élever les hommes jusqu'à celle
des dieux." Que dit-on tous les jours dans les journaux ?
S'il me fallait d'autres illustres exemples, je
n'aurais qu'à ouvrir le premier volume venu de critique, car, aujourd'hui,
il est de mode de réimprimer en volume les inutilités hebdomadaires
qui se publient dans les journaux. On y verrait, entre autres, que ce pauvre
Gérard de Nerval a été conduit à une mort tragique
par le réalisme. C'est un gentilhomme amateur qui écrit
de pareilles misères ; vos drames de campagne sont entachés
de réalisme. Ils renferment des paysans. Là est le
crime. Dans ces derniers temps, Béranger a été accusé
de réalisme. Combien les mots peuvent entraîner les hommes !
M. Courbet est un factieux pour avoir représenté
de bonne foi des bourgeois, des paysans, des femmes de village de grandeur
naturelle. Ç'a été là le premier point. On
ne veut pas admettre qu'un casseur de pierre vaut un prince : la noblesse
se gendarme de ce qu'il est accordé tant de mètres de toile
à des gens du peuple ; seuls les souverains ont le droit d'être
peints en pied, avec leurs décorations, leurs broderies et leurs
physionomies officielles. Comment ! un homme d'Ornans, un paysan enfermé
dans son cercueil, se permet de rassembler à son enterrement une
foule considérable, des fermiers, des gens de bas étage,
et on donne à cette représentation le développement
que Largillière avait, lui, le droit de donner à des magistrats
allant à la messe du Saint-Esprit ! Si Velasquez a fait grand,
c'étaient des seigneurs d'Espagne, des infants, des infantes ;
il y a là au moins de la soie, de l'or sur les habits, des décorations
et des plumets. Van der Helst a peint des bourgmestres dans toute leur
taille, mais ces Flamands épais se sauvent par le costume.
Il paraît que notre costume n'est pas un
costume : j'ai honte, vraiment, madame, de m'arrêter à
de telles raisons. Le costume de chaque époque est régi par
des lois inconnues, hygiéniques, qui se glissent dans la mode, sans
que celle-ci s'en rende compte. Tous les cinquante ans, les costumes sont
bouleversés en France ; comme les physionomies, ils deviennent
historiques et aussi curieux à étudier, aussi singuliers
à regarder, que les vêtements d'une peuplade de sauvages.
Les portraits de Gérard, de 1800, qui ont pu sembler vulgaires dans
le principe, prennent plus tard une tournure, une physionomie singulières.
Ce que les artistes appellent costume, c'est-à-dire, mille
brimborions (des plumes, des mouches, des aigrettes, etc.), peut amuser
un moment les esprits frivoles ; mais la représentation sérieuse
de la personnalité actuelle, les chapeaux ronds, les habits noirs,
les souliers vernis ou les sabots de paysans, est bien autrement intéressante.
On m'accordera peut-être ceci, mais on dira :
votre peintre manque d'idéal. je répondrai à cela
tout à l'heure, avec l'aide d'un homme qui a su tirer de l'oeuvre
de M. Courbet des conclusions pleines d'un grand bon sens.
Les quarante tableaux de l'avenue Montaigne contiennent
des paysages, des portraits, des animaux, de grandes scènes domestiques
et une oeuvre que l'artiste intitule : Allégorie réelle.
D'un coup d'oeil, il est permis de suivre les progrès qui se sont
faits dans l'esprit et le pinceau de M. Courbet. Avant tout, il est né
peintre, c'est-à-dire que nul ne peut contester son talent
robuste et puissant d'ouvrier : il attaque une grande machine avec
intrépidité, il peut ne pas séduire tous les yeux,
quelques parties peuvent être négligées ou maladroites,
mais chacun de ses tableaux est peint ; j'appelle surtout peintres
les Flamands et les Espagnols. Véronèse, Rubens seront toujours
de grands peintres, à quelque opinion qu'on appartienne, à
quelque point de vue qu'on se place. Aussi je ne connais personne qui songe
à nier les qualités de peintre de M. Courbet.
M. Courbet n'abuse point de la sonorité
des tons, puisqu'on a transporté la langue musicale dans le
domaine de la peinture. L'impression de ses tableaux n'en sera que plus
durable. Il est du domaine de toute oeuvre sérieuse de ne pas attirer
l'attention par des retentissements inutiles : une douce symphonie
de Haydn, intime et domestique, vivra encore, qu'on parlera avec dérision
des nombreuses trompettes de M. Berlioz. Les éclats des cuivres
en musique ne signifient pas plus que les tonalités bruyantes en
peinture. On appelle maladroitement coloristes des maîtres
dont la palette en fureur fait jaillir des tons bruyants. La gamme de M.
Courbet est tranquille, imposante et calme ; aussi n'ai-je pas été
étonné de retrouver, consacré maintenant à
jamais en moi, le fameux Enterrement à Ornans, qui fut le
premier coup de canon tiré par le peintre, regardé comme
un émeutier dans l'art. Il y a près de huit ans que j'ai
imprimé, sur M. Courbet, inconnu, des phrases qui annonçaient
sa destinée : je ne les citerai pas, je ne tiens pas plus à
avoir raison le premier que de porter les modes du jour de Longchamps.
Deviner les hommes et les oeuvres dix ans avant la majorité, pure
affaire de dandysme littéraire qui fait perdre beaucoup de
temps. Dans ses nombreux morceaux de critique, Stendhal a imprimé,
en 1825, des vérités audacieuses, qui l'ont fait trop souffrir.
Aujourd'hui même, il est encore en avance de son temps. "Je
parierais, écrit-il à un ami en 1822, que, dans vingt ans,
l'on jouera, en France, Shakspeare en prose." Il y a de cela trente-trois
ans, et, bien certainement, madame, nous n'aurons pas cette jouissance
de notre vivant. M. Courbet est loin d'être accepté aujourd'hui,
il le sera certainement avant quelques années. Ne serait-ce pas
jouer le rôle de la mouche du coche, que d'écrire, dans vingt
ans, que j'avais deviné M. Courbet ? Le public ne s'inquiète
guère des ânes qui ont poussé des beuglements quand
la musique de Rossini fut représentée en France ; le
spirituel, l'amoureux Rossini fut traité à ses débuts
avec aussi peu de ménagements que M. Courbet. On imprima force injures
à propos de ses oeuvres comme à propos de l'Enterrement.
À quoi bon avoir raison ? On n'a jamais
raison [...]
L'Atelier du peintre, qui sera fortement
discuté, n'est pas le dernier mot de M. Courbet ; séduit
par les grands maîtres flamands, espagnols, qui, à toutes
les époques, ont groupé autour d'eux leur famille, leurs
amis, leurs Mécènes, M. Courbet a voulu tenter de sortir
cette fois du domaine de la réalité pure : allégorie
réelle, dit-il dans son catalogue. Voilà deux mots qui
jurent ensemble, et qui me troublent un peu. Il faudrait prendre garde
de faire plier la langue à des idées symboliques que le pinceau
peut essayer à traduire, mais que la grammaire n'adopte pas. Une
allégorie ne saurait être réelle, pas
plus qu'une réalité ne peut devenir allégorique :
la confusion est déjà assez grande à propos de ce
fameux mot réalisme, sans qu'il soit nécessaire de
l'embrouiller encore davantage.
Le peintre est au milieu de son atelier, près
de son chevalet, occupé à peindre un paysage, se reculant
de sa toile dans une pose victorieuse et triomphante. Une femme nue est
debout près du chevalet. Va-t-elle poser dans ce paysage ?
c'est ce qui semble bizarre. À deux pas du peintre est un petit
paysan qui tourne le dos au public, dont on ne voit pas la figure et dont
la pantomime est si expressive, qu'on devine ses yeux, sa bouche. Ce petit
paysan est la meilleure figure du tableau. Il est tout ahuri de voir sur
cette toile ces arbres après lesquels il grimpe, cette verdure sur
laquelle il se roule, ces rochers sur lesquels il passe son temps au soleil,
à courir les nids.
À droite, une femme du monde donnant le
bras à son mari vient visiter l'atelier, son petit garçon
joue avec des estampes (M. Courbet est-il bien certain qu'un petit enfant
de bourgeois riche entrerait dans un atelier avec ses parents, quand il
s'y trouve une femme nue ?). Des poètes, des musiciens, des
philosophes, des amoureux, s'occupent chacun à sa manière
pendant le travail de l'artiste. Voilà pour la réalité.
À gauche, des mendiants des juifs, des femmes
allaitant des enfants, des croque-morts, des paillasses, un braconnier
regardant avec mépris un chapeau à plumet, un poignard, etc.
(défroques du romantisme sans doute), représentent l'allégorie,
c'est-à-dire que tous ces personnages des basses classes sont ceux
que le peintre aime à peindre, en s'inspirant de la misère
des misérables. Tel est, à la grosse, le fond de ce tableau,
auquel je préfère, pour ma part, l'Enterrement à
Ornans.
Beaucoup seront de mon avis, les négateurs
de M. Courbet les premiers ; mais je ne crains pas de me ranger momentanément
avec eux, en expliquant ma pensée. Dans le domaine des arts, il
est d'habitude d'assommer les vivants avec les morts, les oeuvres nouvelles
d'un maître avec ses anciennes. Ceux qui, aux débuts du peintre,
auront le plus crié contre l'Enterrement, seront nécessairement
ceux qui en feront le plus grand éloge aujourd'hui. Ne voulant pas
être confondu avec les nihilistes, je dois dire que la pensée
de l'Enterrement est saisissante, claire pour tous, qu'elle est
la représentation d'un enterrement dans une petite ville, et qu'elle
reproduit cependant les enterrements de toutes les petites
villes. Le triomphe de l'artiste qui peint des individualités est
de répondre aux observations intimes de chacun, de choisir, de telle
sorte, un type que chacun croie l'avoir connu et puisse s'écrier :
"Celui-là est vrai, je l'ai vu !" L'Enterrement
possède ces facultés au plus haut degré : il
émeut, attendrit, fait sourire, donne à penser et laisse
dans l'esprit, malgré la fosse entr’ouverte, cette suprême
tranquillité que partage le fossoyeur, un type grandiose et philosophique
que le peintre a su reproduire dans toute sa beauté d'homme du peuple.
Depuis 1848, M. Courbet a eu le privilège
d'étonner la foule : chaque année on s'attend à
des surprises, et jusqu'ici le peintre a répondu à ses amis
comme à ses ennemis.
En 1848 l'Après-dînée à
Ornans, grand tableau d'intérieur de famille, obtint un succès
réel sans trop de contestations. Il en est toujours ainsi aux débuts
d'un artiste. Puis vinrent des scandales successifs :
1er scandale. L'Enterrement à Ornans
(1850).
2e scandale. Les Demoiselles de village
(1851).
3e scandale. Les Baigneuses (1852).
4e scandale. Du Réalisme. – Exhibition particulière.
– Manifeste. – Quarante tableaux exposés. – Réunion des divers
scandales, etc. (1855).
Or, de tous ces scandales, je préfère
l'Enterrement à toutes les autres toiles, à cause
de la pensée qui y est enfermée, à cause du drame
complet et humain où le grotesque, les larmes, l'égoïsme,
l'indifférence, sont traités en grand maître. L'Enterrement
à Ornans est un chef-d'oeuvre : depuis le Marat
assassiné de David, rien, dans cet ordre d'idées, n'a
été peint de plus saisissant en France.
Les Baigneuses, les Lutteurs, les
Casseurs de pierre, ne renferment pas les idées qu'on
a bien voulu y mettre après coup. J'en trouverai plutôt dans
les Demoiselles de village et dans les nombreux paysages qui démontrent
combien M. Courbet est attaché à son sol natal, sa profonde
nationalité locale et le parti qu'il peut en tirer.
On répète encore cette vieille plaisanterie :
Vive le laid ! le laid seul est aimable, qu'on met dans la
bouche du peintre ; il est surprenant qu'on ose ramasser de pareilles
niaiseries, qui furent jetées, il y a déjà trente
ans, à la tête de M. Victor Hugo et de son école. Toujours
le système de la vieille tragédie renaîtra de ses cendres.
Les progrès sont bien lents et nous avons peu marché depuis
une trentaine d'années [... ]
J'ai un peu critiqué l'Atelier du peintre,
quoiqu'il y ait un progrès réel dans la manière de
M. Courbet : il gagnera sans doute à être revu plus tranquillement
dans d'autres moments. Ma première impression a été
telle, et je crois généralement à ma première
impression. Les bavardages, les commentaires, les critiques de journaux,
les amis et les ennemis, viennent ensuite troubler le cerveau à
tel point, qu'il est difficile de retrouver la pensée dans sa pureté
première : mais au-dessus de l'impression, je mets les travaux
mystérieux du temps, qui démolit une oeuvre ou la
restaure. Chaque oeuvre pleine de conviction est traitée avec amour
par le temps, qui ne passe son éponge que sur les inutilités
de la mode, les jolies imitations du passé et les oeuvres
de convention.
S'il est une qualité que M. Courbet possède
au plus haut degré, c'est la conviction. On ne saurait pas
plus la lui dénier que la chaleur au soleil. Il marche d'un pas
assuré dans l'art, il montre avec orgueil d'où il est parti,
où il est arrivé, ressemblant en ceci à ce riche manufacturier
qui avait accroché à son plafond les sabots qui l'avaient
amené à Paris.
Le Portrait de l'auteur (étude
des Vénitiens), dit-il lui-même dans son catalogue, Tête
de jeune fille (pastiche florentin), le Paysage imaginaire (pastiche
des Flamands), enfin l'Affût, que l'auteur intitule lui-même
plaisamment Paysage d'atelier, sont les sabots avec lesquels il
est arrivé d'Ornans et qui lui ont servi à courir après
la nature.
Ces quelques tableaux appartiennent au domaine
de la convention ; quelles enjambées de géant le peintre
a faites depuis cette époque pour quitter ce pays chéri des
peintres du quartier Breda ! Assurément il eût obtenu
des succès dans ce pays s'il avait eu la paresse d'y rester, et
il aura grossi la population de cent artistes de talent, dont le succès
est si grand aux vitres des marchands de tableaux de la rue Notre-Dame-de-Lorette.
Le facile métier que de faire du joli, du tendre, du coquet, du
précieux, du faux idéal, du convenu à l'usage des
filles et des banquiers ! M. Courbet n'a pas suivi cette voie, entraîné
d'ailleurs par son tempérament. Aussi M. Proudhon lui annonçait-il
son sort en 1853.
Le public, disait-il, veut qu'on le fasse beau
et qu'on le croie tel.
"Un artiste qui, dans la pratique de son
atelier, suivrait les principes d'esthétique ici formulés
(je rappelle l'axiome précédent : toute figure belle ou laide
peut remplir le but de l'art), serait traité de séditieux,
chassé du concours, privé des commandes de l'État
et condamné à mourir de faim."
Cette question de la laideur à propos
des Baigneuses le philosophe la traitait de haut. Il sait combien
le moral a de poids sur le physique. Le caricaturiste Daumier voyait le
fait du côté grotesque. Les éternels bourgeois qu'il
a immortalisés de son crayon et qui vivront à travers les
siècles dans toute leur laideur moderne, s'écrient en regardant
un tableau de M. Courbet : "Est-il possible de peindre des gens
si affreux ?" Mais au-dessus des bourgeois, qu'on a beaucoup
trop vilipendés, il faut placer une classe plus intelligente, qui
a tous les vices de l'ancienne aristocratie sans en avoir les qualités.
Je veux parler des fils de bourgeois, une race qui a profité de
la fortune de médecins, d'avocats, de négociants, qui n'a
rien fait, rien appris, qui s'est jetée dans les clubs de jeux,
qui a la manie des chevaux, de l'élégance qui touche à
tout, même à l'écritoire, qui achète même
une maîtresse et un quart de Revue, qui veut commander aux femmes
et aux écrivains, c'est en vue de cette race nouvelle que le philosophe
Proudhon terminait ses appréciations sur M. Courbet :
"Que le magistrat, le militaire, le marchand,
le paysan, que toutes les conditions de la société, se voyant
tour à tour dans l'idéalisme de leur dignité et de
leur bassesse, apprennent, par la gloire et par la honte, à rectifier
leurs idées, à corriger leurs moeurs et à perfectionner
leurs institutions."
magasin : [...] des boutiques de produits
extrême-orientaux existaient à Paris en 1855, particulièrement
La Porte Chinoise, fondée sous la Restauration ; mais on n'y voit
apparaître des produits japonais qu'à partir de 1860. Ce n'est
pas la Porte Chinoise, mais la boutique de curiosités de M. et Mme
Desoye que Champfleury évoque ici, boutique qui fut bien le lieu
de réunion de la coterie dont il faisait partie. Les plus fanatiques
connaissaient d'autres adresses, particulièrement celle de la Porte
Chinoise, située dans le même quartier, 33 rue Vivienne. Le
8 juin 1861, le Journal des Goncourt contient cette indication : "J'ai
acheté l'autre jour à la Porte Chinoise des dessins japonais,
imprimés sur du papier qui ressemble à une étoffe,
qui a le moelleux et l'élastique d'une laine. Je n'ai rien vu de
si prestigieux, de si fantastique, de si admirable et poétique comme
art..." [texte]
brillants écrivains : allusion aux
frères Goncourt. La mésentente entre Champfleury et les Goncourt
durait depuis près de trente ans. Une polémique violente
les opposa au moment de la publication de Chérie en 1884.
Dans la préface de son roman, Edmond de Goncourt se vante, en effet,
d'avoir été, avec son frère, l'un des premiers défenseurs
du japonisme et de "la recherche du vrai en littérature".
Dans L'Événement du 22 avril 1884, Georges Duval publie
un article « Le roman nouveau » où il relève
les récriminations injustifiées et maladives contenues dans
la préface de Chérie et rend hommage à Champfleury
romancier ; dans son « Carnet » du 28 avril, il cite la lettre
très passionnée que Champfleury vient de lui adresser. Goncourt
recopie dans son Journal, le jour même, l'attaque de Champfleury
publiée par G. Duval : « Je m'occupe rarement des productions
de mes confrères, mais j'ai été tenté parfois
de souffler sur la vanité de ces cocodès de lettres
qu'on appelle les Goncourt, qu'ils soient deux ou un... » [texte]
Un poète : Baudelaire, mort en 1867.
Il est l'un des premiers amateurs d'art japonais de Paris. Dès 1861,
il écrit à Arsène Houssaye : "Il y a longtemps
que j'ai reçu un paquet de japonneries. Je les ai partagées
entre mes amis et amies, et je vous en ai réservé trois.
Elles ne sont pas mauvaises (images d'Épinal du Japon, 2 sols pièce
à Yedo)..." Dans des lettres de 1864-1865, il charge son ami
Ancelle d'une course "chez M. ou Mme Desoye, boutique de bronze et
de porcelaines japonais, 220 rue de Rivoli". [texte]
peintre américain : Whistler (1834-1903)
est, à la fin de 1855, à Paris, dans l'atelier de Gleyre
où il rencontre James Tissot ; il fixe sa résidence
à Londres en 1863. Au Salon des Refusés, il expose :
La fille blanche. À partir de 1864, on trouve de nombreuses
allusions au Japon et à Mme Desoye dans sa correspondance avec Fantin-Latour.
Les sujets japonais apparaissent à cette date dans son oeuvre, L'écran
doré, La princesse du pays de la Porcelaine, par exemple.
[texte]
manière anglaise : Le mot "exhibition"
figure dans le titre du petit catalogue qui renferme, outre la liste des
oeuvres, la profession de foi du peintre rédigée, parait-il,
par Castagnary. Parmi les treize tableaux que Courbet voulait présenter
à l'exposition universelle de 1855, La Rencontre (Bonjour,
Monsieur Courbet, musée de Montpellier) ne fut accepté
qu'avec peine par le jury et les deux oeuvres les plus importantes, l'Enterrement
à Ornans et l'Atelier du peintre furent refusées.
Cela détermina l'artiste à organiser, à ses frais,
une exposition particulière, l'une des premières du genre ;
il trouva un terrain voisin de celui de la manifestation officielle et
y fit construire un bâtiment. [texte]